jeudi 21 mai 2020
Coup de pouce royal
Alléluia, j'ai enfin eu ce que j'attendais tant, la langue de l'un d'entre-vous a fourché lorsqu'il s'est agit de me demander si j'avais l'agrément pour l'opération "Coup de pouce vélo" ! Et de quelle manière !
Une nouvelle fois le téléphone sonne, une goutte de sueur dévale mon épine dorsale, à force d'être ressassée l'expression "coup de pouce" commence à ressembler à une grosse paluche de maçon dans la tronche. Mais je dois faire face, c'est mon sacerdoce. La main moite et tremblante je décroche le combiné :
-La Tête dans le Guidon bonjour.
-Bonjour, je voulais savoir si vous participez à l'opération "Couscous-vélo" ?
Inutile de dire que ce lapsus génial (que n'a pas relevé l'auteur) a fait monter en moi une grande liesse, je lui ai confirmé que je suis effectivement à même de lui faire profiter de ce coup de pouce "royal".
jeudi 14 mai 2020
Coup de pouce vélo
J'ai l'agrément "Coup de pouce vélo" vous allez donc pouvoir passer au stade supérieur du harcèlement de votre mécanicien-vélo.
Je ne prends en compte le dispositif qu'à partir de ce samedi 16 mai.
Comme vous allez être nombreu-x/ses et que cette opération va m'apporter un surcroît de travail administratif je vais limiter le nombre de dossiers par semaine.
Voilà comment on va procéder :
1) Dans la mesure du possible passez me voir que j'estime l'ampleur et le coût des réparations. Cela me permettra aussi de faire le tri et d'écarter les vélos hors d'usage. Ne vous vexez pas si je vous éconduis si je considère que votre vélo n'en vaut pas la peine.
2) Inscrivez-vous sur la plateforme. Si vous n'avez pas internet où que vous n'êtes pas en mesure de le faire pour une bonne raison je le ferai.
3) Une fois ceci fais recontactez-moi par mail pour convenir d'un rdv. Je vais tenir une liste, je prends les gens dans l'ordre.
Comme vous allez être nombreu-x/ses et que cette opération va m'apporter un surcroît de travail administratif je vais limiter le nombre de dossiers par semaine et je bloquerai sans doute les inscriptions si elle deviennent trop nombreuses car je rappelle que je n'ai que deux mains.
J'adapterai le dispositif quand j'aurai une idée plus claire de sa mise en application. Par exemple à ce jour la plateforme ne permet pas votre inscription en tant que particulier, j'espère que ce sera le cas d'ici samedi.
mardi 12 mai 2020
Cruche à l'eau
M. Roch Brancourt donne un bel exemple de l'esprit qui règne parmi certain-e-s des élu-e-s à la ville d'Angers lorsqu'il s'agit de vélo :
Quitte à s'abaisser à s'exprimer par le vide des dictons et autres citations éculées je me permets de lui rappeler que Tant va la cruche à l'eau qu'à la fin elle se brise.
Quitte à s'abaisser à s'exprimer par le vide des dictons et autres citations éculées je me permets de lui rappeler que Tant va la cruche à l'eau qu'à la fin elle se brise.
lundi 11 mai 2020
GCUGM
L'acronyme GCUM (Garée Comme Une Merde) est bien connu des cyclistes, je me suis permis d'y ajouter un G pour Grosse évidemment. La photo prise quai des carmes date de la semaine passée mais je pourrais alimenter une rubrique quotidienne sans souci !
Cette photo pourrait servir de pub (si la pub n'était pas hypocrite en plus d'être inutile) pour les SUVs tant la fonction de ce type de véhicule y est fort bien résumée : une grosse chiotte pour monter sur les trottoirs et littéralement emmerder cyclistes et piétons même quand une place est disponible sans manoeuvre.
dimanche 10 mai 2020
Avant-goût amer
[...]
Une part grandissante de la population sent l'urgence à agir, confectionne ses propres masques, organise le secours aux plus âgés. Mais à quoi bon faire du vélo, composter ses déchets ou réduire sa consommation d'énergie quand le recours aux énergies fossiles est encore largement subventionné, quand leur extraction nourrit l'appareil de production et les chiffres de la "croissance" ? Comment sortir du phénomène itératif des crises amplifié par le discours politico-médiatique : négligence, émoi, effroi, puis oubli ?
[...]
Bien davantage encore que le Covid-19, le défi climatique conduit à remettre en cause notre système socio-économique. Comment rendre acceptable une évolution aussi radicale, un changement à la fois social et individuel ? Tout d'abord en ne confondant pas la récession actuelle — et délétère — avec la décroissance bénéfique de nos productions insoutenables : moins de produits exotiques, de passoires énergétiques, de camions, de voitures, d'assurances ; plus de trains, de vélos, de paysans, d'infirmières, de chercheurs, de poètes, et. Les conséquences concrètes de cette dernière ne deviendront acceptables par le plus grand nombre qu'en plaçant la justice sociale au rang des priorités et en favorisant l'autonomie des collectifs à tous les niveaux.
Un avant-goût du choc climatique, Ph. Descamps et Th. Lebel, Le Monde Diplomatique, n°794, mai 2020.
samedi 9 mai 2020
Rouler sur les plates-bandes
Qui aime bien châtie bien. J'aime beaucoup cette ville mais la relation tourne en ce moment au sado-masochisme. Un nouvel exemple d'aberration urbaine m'a été soumis par un de mes reporters en ville. Il s'agit là de la rue David d'Angers, une rue très étroite qui jouxte la mairie et qui est souvent le lieu de conflits d'usages.
Dernièrement de jolis parterres sont venus égayer la rue, mais l'espace sur la chaussée en a forcément été diminué. Jugez.
Dernièrement de jolis parterres sont venus égayer la rue, mais l'espace sur la chaussée en a forcément été diminué. Jugez.

Angers est connue pour sa "fibre" végétale mais là, on va loin dans l'innovation avec cette piste cyclable paysagère. Ici on ne marche pas sur les plates-bandes, on roule dessus.
vendredi 8 mai 2020
Pouce !
J'ai vécu une semaine à la limite du harcèlement téléphonique et numérique depuis l'annonce de l'aide Coup de pouce de 50 € pour la remise en état des vélos.
Le plus simple pour vous est sans doute de prendre connaissance du dispositif directement sur le site adéquat. L'atelier associatif La Rustine a également mis en ligne une page synthétique très bien réalisée. L'opération ne sera pas effective avant le 11 mai, ça c'est sûr.
De mon côté j'en suis à me demander si je vais rentrer dans le dispositif.
D'abord, est-ce que le dispositif voudra de moi ? Le statut d'autoentrepreneur fait que je n'ai pas de K-bis à produire ce qui semble, au point où j'en suis, être problématique. J'ai envoyé à l'instant un mail explicatif à la plateforme. A suivre.
Surtout, la procédure sans être démoniaque présente à coup sûr un côté très chronophage : prise et téléversement d'une photo, production et téléversement de la facture, suivi du dossier, renseignement de l'identité du client, vérification de l'éligibilité, surcroît du nombre de lignes comptables, etc.). J'ai fait un rapide calcul et tout ça pourrait facilement me prendre 3 à 4 heures par semaine, perspective qui ne m'enchante nullement car mon temps de travail est déjà copieux. Et, il est hors de question de l'allonger ou de le densifier. Alors je me tâte. Il faut que j'essaie de mettre en balance les avantages de l'opération. Va-t-elle remettre en selle des personnes qui étaient jusque là assez éloignée de la pratique du vélo ? Ne va-t-on pas assister (comme me le suggèrent certains de coups de fils) à un effet d'aubaine en vue de sortir des tas de boue déglingués avec l'injonction paradoxale de le remettre en état en "ne dépassant pas 50€" ? Est-ce que cet argent public est dépensé judicieusement pour favoriser le vélo ? J'ai plein de questions en tête.
Voilà, je n'ai pas pris de décision pour le moment et j'agis comme si j'allais adhérer au dispositif. Je constate que ce qui est une bonne initiative d'un point de vue symbolique pourrait aisément se transformer en usine à gaz. Rien n'est joué mais j'ai besoin de savoir si le jeu en vaut la chandelle. J'ai des convictions militantes aussi bien quant à la place du vélo dans la ville que sur la place et la qualité du travail dans ma petite vie et je ne transigerai ni sur les unes ni sur les autres.
lundi 4 mai 2020
En pleine tête
C'est une vaste blague, dommage qu'elle soit si mauvaise. Certaines des mesures prises à Angers en vue du déconfinement sont tout bonnement pathétiques si j'en crois la presse locale.
En matière de transports il y a deux décisions qui retiennent l'attention.
La première est que le stationnement automobile va rester gratuit sur la voirie jusqu'à 2 juin. Ne tergiversons pas, alors que la plupart des villes vont dans l'urgence privilégier le vélo afin de favoriser la distanciation sociale et éviter l'engorgement, le maire Christophe Béchu choisit de rendre cette ville encore plus bagnolable. Difficile de faire plus rétrograde.
Quant à la proposition de piétonniser la très courte rue Montault et à "moitié" la rue Voltaire autant ne rien faire tellement cette annonce est ridicule dans sa pingrerie.
Quant à l'absence du vélo dans l'article qui me sert de source il est très évocateur.
Il arrive que certaines décisions reviennent à se tirer une balle dans le pied. Angers va plus loin et se tire une balle en pleine tempe.
En matière de transports il y a deux décisions qui retiennent l'attention.
La première est que le stationnement automobile va rester gratuit sur la voirie jusqu'à 2 juin. Ne tergiversons pas, alors que la plupart des villes vont dans l'urgence privilégier le vélo afin de favoriser la distanciation sociale et éviter l'engorgement, le maire Christophe Béchu choisit de rendre cette ville encore plus bagnolable. Difficile de faire plus rétrograde.
Quant à la proposition de piétonniser la très courte rue Montault et à "moitié" la rue Voltaire autant ne rien faire tellement cette annonce est ridicule dans sa pingrerie.
Quant à l'absence du vélo dans l'article qui me sert de source il est très évocateur.
Il arrive que certaines décisions reviennent à se tirer une balle dans le pied. Angers va plus loin et se tire une balle en pleine tempe.
dimanche 3 mai 2020
Livraison express
Alors vint la Mort, le long du boulevard dans la lumière sépia du crépuscule.
Alors vint la Mort à tire-d'aile comme dans les dessins-animés pour enfants, sur sa sobre et lourde bicyclette de coursier.
Alors vint la Mort à coup sûr. La Mort inévitable. La Mort pressée. La Mort pédalant à tout rompre. La Mort transportant, dans son solide panier grillagé derrière la selle, un paquet marqué LIVRAISON EXPRESS/FRAGILE.
Alors vint la Mort, sur sa vilaine bicyclette, se frayant en experte son chemin dans le flot de la circulation à l'intersection de Wilshire et de La Brea où, en raison des travaux, les deux voies de Wilshire dans la direction ouest s'étranglaient en une.
La Mort si preste ! La Mort qui faisait des pieds de nez à des klaxonneurs entre deux âges.
La Mort en train de rire. Va te faire, mec ! Et toi donc. C'était Bugs Bunny dépassant les rutilantes carrosseries d'onéreuses automobiles sorties tout droit de chez le concessionnaire.
Alors vint la Mort pas gênée par l'air exsangue et brouillé de Los Angeles. L'air chaud et radioactif de la Californie du Sud où elle était née.
Oui, j'ai vu la Mort. J'avais rêvé d'elle la veille. Et des nuits auparavant. Je n'avais pas peur.
Alors vint la Mort ô combien prosaïque. La Mort courbée sur le guidon moucheté de rouille d'une bicyclette laide mais solide. Alors vint la Mort : en T-shirt Cal. Tech. lavé mais pas repassé, short kaki et mocassins sans socquettes. La Mort mollets galbés, jambes poilues. Colonne vertébrale sinueuse, vertèbres saillantes. La Mort aux boutons d'acné d'adolescent. La Mort choquée, chavirée par les coups de cimeterre du soleil qui ricochait sur les pare-brise et les chromes.
Re-concert de klaxons dans le sillon flamboyant de la Mort. La Mort, cheveux en brosse hérissée. La Mort chewing-gum.
La Mort tellement routinière, cinq jours par semaine, samedi-dimanche moyennant supplément. Hollywood Messenger Service. La Mort livrant en personne ses paquets cadeaux.
Joyce Carol Oates, Blonde, éd. Stock, trad. de l'anglais (Etats-Unis) par Claude Seban
vendredi 1 mai 2020
Une mer plus loin
Mes frères et mes sœurs commençaient d'en vouloir à la guerre, ils la trouvaient longue. Elle leur supprimait le bord de la mer. Habitués à se lever tard, il leur fallait acheter les journaux à six heures. Pauvre distraction ! Mais vers le vingt août, ces jeunes monstres reprennent espoir. Au lieu de quitter la table où les grandes personnes s'attablent, ils y restent pour entendre mon père parler de départ. Sans doute n'y aurait-il plus de moyens de transports. Il faudrait voyager très loin à bicyclette. Mes frères plaisantent ma petite sœur. Les roues de sa bicyclette ont à peine quarante centimètres de diamètre : "On te laissera seule sur la route." Ma sœur sanglote. Mais quel entrain pour astiquer les machines ! Plus de paresse. Ils proposent de réparer la mienne. Ils se lèvent dès l'aube pour connaître les nouvelles. Tandis que chacun s'étonne, je découvre enfin les mobiles de ce patriotisme : un voyage à bicyclette ! Jusqu'à la mer ! et une mer plus loin, plus jolie que d'habitude.
Raymond Radiguet, Le diable au corps, 1923.
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