dimanche 10 mai 2020
Avant-goût amer
[...]
Une part grandissante de la population sent l'urgence à agir, confectionne ses propres masques, organise le secours aux plus âgés. Mais à quoi bon faire du vélo, composter ses déchets ou réduire sa consommation d'énergie quand le recours aux énergies fossiles est encore largement subventionné, quand leur extraction nourrit l'appareil de production et les chiffres de la "croissance" ? Comment sortir du phénomène itératif des crises amplifié par le discours politico-médiatique : négligence, émoi, effroi, puis oubli ?
[...]
Bien davantage encore que le Covid-19, le défi climatique conduit à remettre en cause notre système socio-économique. Comment rendre acceptable une évolution aussi radicale, un changement à la fois social et individuel ? Tout d'abord en ne confondant pas la récession actuelle — et délétère — avec la décroissance bénéfique de nos productions insoutenables : moins de produits exotiques, de passoires énergétiques, de camions, de voitures, d'assurances ; plus de trains, de vélos, de paysans, d'infirmières, de chercheurs, de poètes, et. Les conséquences concrètes de cette dernière ne deviendront acceptables par le plus grand nombre qu'en plaçant la justice sociale au rang des priorités et en favorisant l'autonomie des collectifs à tous les niveaux.
Un avant-goût du choc climatique, Ph. Descamps et Th. Lebel, Le Monde Diplomatique, n°794, mai 2020.
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire