Le conseil communautaire d'Angers Loire Métropole a délibéré en faveur d'une aide à l'achat d'un vélo à assistance électrique (VAE). Il s'agit d'une aide correspondant à 25% du prix d'achat TTC du vélo, dans la limite de 250€. Cette enveloppe destinée aux habitant-e-s de la communauté urbaine se monte à 50000€. Les conditions générales sont consultables ici.
Je ne vais pas tourner autour du pot. Ce qui me gêne, c'est qu'on est loin de l'équité sociale. Cette aide va principalement bénéficier à des catégories sociales qui bénéficient déjà d'un relativement bon pouvoir d'achat. Acquérir un VAE de qualité implique de débourser 1000€ et plus. Les VAE d'entrée de gamme se situent autour de 750€. Vous pourrez aisément trouver moins cher mais cela sera à vos risques et périls. La qualité et la durabilité ne seront pas au rendez-vous, soyez-en assuré-e-s. Alors, pourquoi avoir limité cette aide au seul VAE ? La proposer pour l'achat de n'importe quel vélo (hors vélos sportifs pour éviter les dérives) n'aurait-il pas eu plus de sens ? Nos élu-e-s sont-ils/elles si technophiles qu'ils/elles ne peuvent concevoir le vélo comme un potentiel moteur de changement urbain que s'il est justement équipé d'un moteur ? En 2013, 2,8 millions de vélos ont été vendus en France. Ce chiffre inclus seulement 56000 VAE*. Les chiffres ont clairement progressé depuis, néanmoins le VAE reste une petite part de marché loin de concerner le plus grand nombre.
Cette mesure se veut une incitation à un report modal vers le vélo. Seulement,la question est de savoir dans quelle mesure ceux qui vont passer au VAE ne sont pas déjà des cyclistes qui vont profitent d'un effet d'aubaine pour renouveller leur équipement. De même, si ce sont des piétons qui se mettent en selle, et non des automobilistes, le gain de cette mesure sera marginal. Comment mesurer les résultats d'une telle mesure ? D'ailleurs, nos élu-e-s veulent-ils/elles vraiment connaître les résultats d'une telle action ?
Ce qui cloche avec cette aide c'est qu'elle se présente seule. Elle n'est adossée à aucune autre mesure. Elle ne fait partie d'aucune politique cyclable avec une vision et des objectifs. Elle n'est le signe d'aucune volonté politique particulière. D'ailleurs bien malin-e celui ou celle qui aujourd'hui serait capable à Angers et sur la communauté urbaine de dresser les contours d'une politique cyclable cohérente. Les seuls signes clairs en matière de transports urbains ont été, à mon avis, émis en direction des automobilistes avec en particulier la gratuité de la première heure de parking. Cette mesure d'aide à l'achat a tout de la propagande. Relativement peu onéreuse, ne concernant directement qu'environ 200 personnes (50000€/250€=200), elle permet surtout aux élu-e-s d'occuper le terrain médiatique. Elle est "la meilleure façon de ne rien faire tout en donnant l'impression de faire quelque-chose" (Wendy Brown).
A quand des décisions qui impliquent de vrais changements pour les cyclistes et plus généralement les usager-e-s de modes doux ? A quand la généralisation du "tourner-à-droite" ? A quand le passage d'Angers en zone 30 ? Ces décisions n'auront évidemment pas le même coût et les mêmes implications mais elles relèvent d'un choix politique qui se fait cruellement sentir en matière de transports.
PS : Pour info, le cabinet de recherche 6-T a produit une étude sur les usages du VAE. Le résumé est ici.
jeudi 14 avril 2016
Faux-ami
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1 commentaire:
Il va même y avoir un retour sur les zones 30 déjà mises en place.
A quand la mise en place également de l'indemnité kilométrique sur Angers ??
Le vélo est plus que jamais considéré par nos édiles comme un loisir et non comme un moyen de déplacement.
Mais heureusement le Tour de France passe à Angers cette année pour sauvez la communication :( :(
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