lundi 23 mai 2022

Avant que j'oublie

Je vous glisse un autre extrait de livre, dans un registre bien différent de ma proposition de lecture d'hier. Quoique. Là encore il s'agit d'un premier roman, là encore la mort y tient une place centrale (bon je reconnais que, depuis au moins L'Illiade, c'est une ficelle récurrente que la mort dans un roman) et là encore je me suis pris une claque. Je ne peux que remercier la personne chère qui me l'a offert et vous intimer l'ordre de vous le procurer.

"On est restés encore un peu comme ça tous ensemble en silence à regarder nos pieds, en mémoire de lui, puis j'ai été chercher une grande boîte à chaussures que j'ai garnie avec une écharpe douce. J'ai rangé tout le monde dedans, promis que je reconvoquerais le conseil ultérieurement, replié l'écharpe dessus, fermé la boîte, rangé la boîte dans le coffre. Ensuite, j'ai mis son chapeau, je suis montée sur un vélo et je suis partie faire un tour au bord de la Seine. Assise sur la berge en face de la tour Peugeot, en regardant passer, entre deux feuillages, l'eau lourde et mordorée du fleuve, j'ai dit un des haïkus qu'il n'avait pas désigné dans son herbier de fortune mais que j'avais retenu :
 
Je pense seulement
à mes parents
crépuscule d'automne
"
 
Anne Pauly, Avant que j'oublie, Verdier, 2019.

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