Ce dimanche, je me lève aux aurores pour profiter de la belle matinée qui s'annonce. Mon courage étant malgré tout enserré en d'étroites limites, je file prendre mon petit-déjeuner dans un bar en ville. Rassasié, alors que j'enfourche mon vélo, je constate que j'ai oublié mon bidon d'eau. Je retourne à la maison, légèrement contrarié. Après un passage en trombe où je règles quelques autres détails, je repars. Alors que j'aborde la campagne, je constate avec dépit que mon bidon est toujours chez moi. Il semble par contre que ma bêtise proverbiale me suive de très près. Je reste un pur produit des années 90, courte période bénie qui a glorifié la figure du merveilleux loser.
Avant de dénicher une épicerie, j'ai été contraint d'errer de cimetière en cimetière afin d'étancher ma soif. Les tombes les plus remarquables étaient quasi systématiquement celles réputées "en état d'abandon". Cet expression me laisse songeur, vu la passivité des l'occupant-e-s. En tous cas, sans aller jusqu'à l'abandon total, la quiétude des lieux m'a aidé à me laisser gagner par une forme de laisser-aller tant recherché.
Les roues de mon vélo n'étaient pas en réglisse pas plus que mes mollets n'étaient en guimauve. J'ai donc enchaîné une centaine de kilomètres de part et d'autre de la vallée du Layon.
Si j'étais chauvin, à la question, "-C'est où la Toscane ?", je pourrais rétorquer une saloperie de mauvaise foi du genre : "-C'est'y pas un bled du côté de Faye-d'Anjou ça ?".
J'ajouterai même : Tu sais, j'crois ben que c'est juste après un hameau qui s'appelle Bruges sur le haut du côteau ! Mais, je ne suis pas ce genre de personnage et mes virées titillent simplement des envies où raniment de bons souvenirs.
Et puis, ce coin de campagne à une identité bien à lui qui me fait souvent sourire (même s'il m'énerve aussi parfois). Les côteaux sont moins religieux que les Mauges proches. Le catholicisme des vignerons est moins rigoriste, voire un poil bacchique. J'en veux pour preuve la présence récurrente de pressoirs recyclés comme base pour des monuments religieux. Il y a ainsi l'autel de la chapelle de Bonnezeaux ou cette statue de Saint Vincent*, le patron des vignerons. j'en viens parfois à penser que par là-bas, la vraie religion c'est le pinard.
Il y a plein d'autres traces de labeur qui attirent mon attention. De petites comme cette barrière barrée.
Et de plus monumentales comme celle-ci. Voici un de mes châteaux d'Anjou préférés, toutes catégories confondues. Sa silhouette épurée domine la campagne de Chavagnes-les-Eaux. Je sais qu'il a un jumeau du côté de Laval auquel je n'ai pas encore rendu visite. Une sortie de plus à programmer.
Scoop ! Je vous offre une exclusivité. Le monolithe et acteur principal de "2001 l'odyssée de l'espace" qui a fait entrer l'humanité dans l'histoire coule une retraite tranquille à quelques encablures au sud de La Loire. Quelque peu érodé, il semble n'avoir rien perdu de son magnétisme minéral si j'en crois le nombre de mes congénères qui s'adonnent à une forme de religiosité technophile.
J'ai beau jouer à l'être de raison, quand je retrouve La Loire, je me laisse aller à une brève crise d'animisme qui sera chassée par une longue crise de boulimie, à genoux la tête dans mon frigo.
Notes :
*Le titre de ce billet est une private joke à l'attention des angevin-e-s. Espace Anjou est en effet une
* Pour celles et ceux qui se posent la question, Saint Vincent est le patron des vignerons à cause d'une simple évocation sonore calembour : Vincent = vin + sang (du christ). Il n'en fallait pas plus !
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