J'ai volontairement
modifié et/ou tus certains éléments dans l'histoire suivante afin
de préserver l'anonymat de certains protagonistes. Néanmoins pour
ce qui concerne les faits et propos rapportés tout est
rigoureusement exact.
Il y a quelques
jours, la nuit tombe alors que je pédale aux abords du centre-ville.
Au loin, sur la piste cyclable séparée de la circulation, je
distingue deux silhouettes qui paraissent à genoux. Je ralentis. En
m'approchant je vois une femme assise à terre l'air hagard. Une
autre personne lui porte assistance. A la vue d'un vélo qui traîne
dans les parages, je comprends qu'une chute vient de se produire. La
cycliste est consciente mais groggy. Celui qui l'assiste m'explique
avoir assisté à la chute : la tête a heurté un des potelets
qui bordent la piste. J'entame alors la discussion histoire d'avoir
une idée de la conduite à tenir. Très vite certains propos et le
flottement dans les réponses me font envisager un traumatisme. Par
exemple, l'accidentée ne se souvient pas de son âge. J'appelle donc
les pompiers qui dépêchent un véhicule.
En les attendant
nous essayons de rassurer la cycliste qui patiente sur la chaussée
humide. Je glisse quelques blagues et lui explique qu'il y a
longtemps j'ai moi aussi fait une lourde chute à vélo. J'étais
presque tombé dans les pommes et personne ne m'avait secouru. Ma
théorie étant que les passant-e-s me prenaient pour un pochtron
cuvant paisiblement son mauvais vin affalé sur le trottoir. Quelques
minutes passent, mon stock d'humour s'épuise et un fourgon rouge
arrive précédé ou suivi, je ne sais plus trop, par une voiture de
la police. Les pompiers prennent les opérations en mains. L'un d'eux
questionne la victime, un autre récolte des informations auprès du
témoin et de moi-même. Une civière et une minerve sont approchés.
La victime nécessite clairement une prise en charge médicale.
Je commence à me
sentir de trop et que de la position d'aidant je vais passer à celle
de boulet. Je glisse un dernier encouragement à la malheureuse et
salue les pompiers. Alors que j'enfourche mon vélo, un des
policier-e-s qui se tenaient jusqu'à présent en retrait s'approche,
se glisse entre deux pompiers et d'un ton franc et direct interroge :
-Madame,
avez-vous pris des stupéfiants ?
Mi-amusé, mi-agacé
un-e de ses collègues qui attend les bras croisés ne peut
réprimer :
-Rhaaa, il est
lourd avec ça !
Il semble en effet "stupéfiant" de demander à une personne blessée qui
peine à se souvenir de son nom et qui n'a aucune idée de ce qu'elle
a bien pu faire ces 24 dernières heures, si elle "en"
a pris. Une intervention policière peu à propos mais, je ne me
permettrais en aucune circonstance de dire à un agent de police
qu'il est lourd. Je constate que d'autres ne partagent pas mes
scrupules.
Je souhaite à la
victime de se remettre promptement de sa chute. Si elle me lit un
jour où l'autre, je serai heureux de lui offrir une petite révision
de son vélo pour fêter son retour en selle !
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