Je n'avais jamais
acheté Monsieur. C'est un peu par défi que je me suis
procuré le numéro d'avril. Vue la couverture et le titre du dossier
du mois le vélo c'est chic, 200 ans après son invention, le
vélo est le nouveau golf, je sentais bien que je ne collais
pas bien avec le cœur de cible du magazine.
J'ai appris que l'image du vélo a profondément évolué : d'un sport
populaire, voire ringard, il s'est mué en une pratique
ultra-tendance voire élitiste. J'ai d'abord été surpris
d'apprendre cette proximité du populaire et du ringard. A ce stade peu avancé de la lecture j'aurais pu m'abstenir d'aller plus avant. D'ailleurs je ne vais pas plus vous décrire le contenu de ce qui n'est rien d'autre qu'un magazine publicitaire payant.
Néanmoins, je risque fort de décevoir les
rédact-eurs/rices de Môssieur : l'idée que le vélo devienne
une pratique largement et vraiment répandue parmi les classes très aisées est
une vaste fumisterie. Le
cyclisme demande beaucoup (trop) de temps et la géographie et la météo ne
font pas de cadeaux. J'ai beaucoup pensé à Môssieur durant
mon brevet de 300 km effectué dimanche dernier. Il a plu de
nombreuses heures durant. A chaque fois que je suis entré dans un bar ou
une boulangerie les gens avaient clairement un regard de pitié et/où dégoût
quant à mon allure et mon odeur de vieux chien mouillé. J'ai eu
froid, j'ai parfois momentanément perdu l'usage de mes extrémités
(toutes mes extrémités). Et puis, certaines lignes droites que j'ai
labouré contre le vent entre Vitré et Ancenis n'avaient rien à
voir avec une promenade sur les Champs-Elysées. C'est à bon escient que je parle de "labourer". Le cyclisme est
viscéralement une pratique de paysan-ne-s ce qui devrait suffire à en dégoûter beaucoup. Alors, je concède à
Môssieur que beaucoup de très riches vont s'acheter un beau vélo
en carbone et le lycra assorti mais ce qu'on appelle "cyclisme"
implique un investissement autre dont le retour est lent et parfois décevant. Ce n'est pas pour rien que la
première double-page de Môssieur est ornée d'une publicité
vantant les mérites du dernier coupé sport d'une prestigieuse
marque de bagnole. Le vélo : nouveau golf ? Oui, mais à
condition d'avoir une belle caisse à glisser sous le porte-vélo. Considérant que les bar-PMUs ne sont pas près de se transformer en club-houses,
les cyclistes comme moi vont paisiblement continuer à y trouver une ambiance tout
à fait ringarde. A chacun ses valeurs.
1 commentaire:
Rhaaaaa !
...ça ira, ça ira, ça ira...
Et si ils veulent être tendance, y a aussi les 2*8 et les galères de fin (de milieu !) de mois à prendre, faut pas hésiter, je suis prêt à troquer (ça aussi c'est tendance, non ?).
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