Ma dernière sortie a été riche d'enseignements. Elle a permis de résoudre une
question majeure de la philosophie contemporaine. La voici sous sa forme la plus lapidaire. Le Cyclisme :
marche ou crève ? Suivez mon exposé des faits et la conclusion qui s'impose.
Dimanche, presque à
l'impromptu, notre petit groupe de trois met à profit une trouée
dans les nuages pour quitter l'agglomération. Nous partons face au
vent espérant ainsi rentrer sans efforts. Le parcours est agréable
même si les séquelles de la tempête gisent en quantité
sur notre chemin. Voilà pour le cadre général. Passons les
péripéties et allons à l'essentiel.
L'un de nous vient à
crever. Penaud, il avoue ne pas avoir de chambre à air de rechange.
Il s'avère que je suis le seul à en posséder une. Je la cède de
bon gré. Le troisième larron propose d'utiliser une vieille
cartouche de CO2, stigmate de son passé de compétiteur. En quelques
secondes, nous contribuons à accélérer l'effet de serre afin de préserver notre
moyenne. Nous revoilà en selle. Las, quelques kilomètres plus loin,
nouvelle crevaison. Comme le veut la tradition, la pluie se met alors
à tomber avec vigueur. Je dégaine ma boîte de rustines. Je n'en
manque pas mais il n'en va pas de même pour la colle. Mon tube n'en
contient que quelques gouttes. Je respecte avec attention le
temps de séchage alors même que nous sommes soumis à une douche
copieuse. Malgré cela, j'ai quelques sueurs froides. Par manque de
colle, un bord de la rustine n'adhère pas parfaitement. Néanmoins,
le remontage se passe sans accrocs. Nous pédalons de nouveau à vive
allure en direction d'Angers. Bientôt, à son approche, je sens que
mon vélo perd la flegmatique tenue de route qui le caractérise.
Alors que les serres et jardins cèdent doucement la place aux
pavillons et aux tours, je suis victime d'une crevaison lente et
contraint à l'arrêt. N'ayant plus de quoi réparer, je me contente
de gonfler mon pneu le plus fort possible. Aussi sec (qualificatif
peu représentatif de mon état corporel) j'enfourche le vélo et
mouline vaille que vaille pour regagner mes pénates. Au risque de
ternir ma prestance, je pédale en bec de selle afin de dégager du
poids de la roue arrière. Lorsque ma machine me fait rouler du cul tel un vulgaire poney, je stoppe et réitère la manœuvre. Sans
succès. Me voilà piéton pour plusieurs kilomètres. Lancelot jeté
plus bas que terre. Une partie du chemin de croix s'effectue en
compagnie de mes deux compagnons. Désormais en ville, je perçois leur
gêne d'être vu aux côtés d'un vil fantassin. Pour ménager leur
amour-propre, je les enjoins de m'abandonner. Traînant ma peine et poussant mon vélo, je médite sur mon
destin funeste. La réponse à la question ontologique qui depuis la
nuit des temps a assailli le/la Cycliste trouve réponse en un bref éclair de
lucidité.
Le Cyclisme :
marche ou crève ?
Foutaises !
Le Cyclisme :
c'est crève et marche.
CQFD.
2 commentaires:
Qu'est ce que j'aime te lire !
(Je ne suis pas un robot)
Pareil, du petit lait verbal!
" Le Cyclisme : marche ou crève ?
Foutaises !
Le Cyclisme : c'est crève et marche."
X, 2016.
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