Ils étaient une dizaine, groupés autour de leur leader, un grand type glabre, coiffé d'un casque militaire, orné de deux cornes de bouc.
— Salut Al, tu t'es déguisé en bison ?
Sadie fit la bise au grand type qui bégaya une réponse bourrue et inaudible avant de s'écrouler sur les marches en manquant d'ébra la bâtisse entière. À l'en croire, ce couvre-chef était le fruit d'une expédition punitive exercée à l'encontre d'un moto-club rival. Mais là, tous l'air complètement bourrés, ils n'avaient visiblement même plus la force de s'en prendre à Clem, le seul représentant mâle de la Famille. Bob, le copain de Danny, le regarde passer, couché par terre, l'œil vide, sans le reconnaître.
Des gens étaient assis sur les balcons, certains avaient les jambes qui pendaient dans le vide, un enfant faisait même du vélo à plus de huit mètres du sol sans qu'aucun adulte ne s'en préoccupe.
California Girls, Simon Liberati, éditions Grasset, 2016.
Evidemment, j'ai profité de l'unique occurrence d'un vélo sur trois cents et quelques pages pour vous partager ma lecture.
J'ai entendu dire que pour certain-e-s, l'utopie hippie du Summer of Love entamée en 1967 s'est (voire a été) achevée avec les meurtres sanglants commis par la Famille réunie autour de la figure à la fois pathétique et délirante de Charles Manson. A la lecture de ce bouquin je me dis c'est une fin qui a viré au cauchemar.
J'ai dévoré ce roman qui s'attache à coller au plus près d'une réalité poisseuse et coagulante même si la lecture de beaucoup de passages a été éprouvante. Âmes sensibles et hippies sans grande conviction s'abstenir.
Note : Sur la photo d'illustration ci-dessus qui documente le procès de la Famille Manson, la dénommée Sadie (de son vrai nom Susan Atkins) est la jeune femme sur la droite.
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