dimanche 8 décembre 2019

Donc on y va.

Quand ils arrivèrent à l'entrée du Coliseum, Orvil se retourne vers Loother et lui demande s'il a le cadenas.
« C'est toujours toi qui le prends, dit Loother.
Je t'ai demandé de le prendre avant de partir. Je t'ai dit : "Loother, est-ce que tu peux prendre le cadenas, je ne veux pas qu'il abîme mon costume." Tu l'as vraiment pas pris ? Merde. Qu'est-ce qu'on va faire ? Je te l'ai demandé juste avant de sortir et tu m'as dit oui, je l'ai. Loother, tu m'as dit oui je l'ai.
— Je devais parler d'autre chose. »
Orvil dit « Bon » en soupirant et leur fait signe de le suivre. Ils planquent les vélos dans des buissons de l'autre côté du Coliseum.
« Grand-Mère va nous tuer si on se fait piquer nos vélos, dit Loney.
— Mais il est hors question qu'on y aille pas réplique Orvil. Donc on y va. »

C'est extrait d'un premier roman qui met les tripes à l'envers. Des pages pleines de la colère, du courage, de la tristesse et de la tension des destins croisés d'Indien-ne-s d'Oakland et d'ailleurs qui se rendent au pow-wow évoqué plus haut. L'écriture est parfois tellement sur le fil du rasoir que je me surprends les mains crispées sur les pages. Je ne l'ai pas encore terminé car il faut parfois du répit avant d'aller plus avant. Néanmoins, je ne peux que vous conseiller de vous le procurer.

Tommy Orange, Ici n'est plus ici, traduit de l'américain par Stéphane Roques, Albin Michel, 2019.

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