mardi 13 août 2019

Confrérie du (Re)portage Vélocipédique



Beaucoup de cyclistes se sont récemment tourné-e-s vers des épreuves "ultras" (sous-entendu "longues") et/où "gravel" (une pratique vague au spectre large qui va du vélo tous chemins mais avec un vélo onéreux, au vétété avec un guidon de course) et je ne suis pas loin de penser que c'est en particulier la généralisation des GPS qui a induit ce fort développement. Par sa capacité à stocker des trajets longs et biscornus, il abolit le "fardeau" de la navigation. Qui plus est, il supprime la nécessité de capacité fine en lecture de carte in situ. Ce sujet de discussion autour de l'approche et de l'emploi de nos diverses "béquilles technologiques" est récurrent parmi mon groupe d'ami-e-s.

Je viens de lire The Rough-Stuff Fellowship Archive. Ce livre de photos documente ce qui se présente comme le plus vieux club de cyclisme "hors des sentiers battus". Créée en 1955 en Angleterre, et toujours active, cette confrérie ressemble sous bien des aspects à une conjuration des fous/folles, si on se place du point de vue techno-augmenté contemporain que je viens d'esquisser.

Depuis plusieurs décennies ses membres témoignent qui si la technique peut répondre à des besoins, le besoin et l'envie peuvent aisément se passer de technique.

Vous allez en effet contempler des gens "normaux" qui font des choses bizarres sur avec des vélos rustiques, dans des accoutrements plus adaptés à un repas de famille qu'à la traversée de l'Islande ou au franchissement d'un col alpin.

Ne comptez pas disséquer de belles trajectoires, vous seriez décu-e-s. Au mieux, la plupart du temps ces "cyclistes" poussent leur vélo. Plus souvent, ils/elles les jettent par dessus des barrières ou des haies, les hissent à flancs de parois rocheuses, les noient dans des torrents en furie. Vous ne les verrez que rarement pédaler

Pour faire simple, à la question "Comment ?", la confrérie répond "Bah, on avisera !", et les clichés attestent de leur esprit de solidarité et d'une solide capacité d'improvisation. Par contre, les photos ne vous aideront pas à résoudre la seule question qui vaille : Pourquoi ? Nous revoilà face au mystère insondable de la volonté humaine et de son désir de liberté à arracher quel qu'en soit le prix (j'extrapole sans doute un peu mais ce livre invite au lyrisme).

Plutôt que mes divagations réthoriques, je vous propose de contempler quelques clichés du livre. N'ayant qu'un téléphone modérement intelligent sous la main, vous comprendrez que je ne me suis pas embêté à faire de bon cadrages. C'est d'ailleurs justice puisqu'il s'agit d'un recueil photographique et que le mieux est de chercher à vous le procurer où prêter. Vous pourrez ainsi contempler d'autres vues absurdes de gens poussant des vélos.

Les propos prêtés aux protagonistes des photos n'engagent évidemment que moi. Ils ne se veulent pas moqueurs, ils laissent entrevoir une forme de jalousie de la part de quelqu'un de peu aventureux.


- Tiens, et si on traversait cette rivière pour s'assurer qu'on ne pourra pas faire de vélo sur l'autre rive ?


Des ami-e-s, une montagne, des demi-courses et des buvards de LSD : elle est pas belle la vie ?


-C'est pas terrible ma moyenne là... Chuis un peu déçu.
- Hihi, ton vélociste t'a bien niqué ! Ce machin est tellement lourd, c'est une charrue qu'il t'a fourgué pauv' truffe !


- Suivez-moi, je connais un raccourci vers les urgences du CHU !


- Pfff et béh j'étais à deux doights de casser ma pipe, ça m'aurait bien embêté moi !



Aucun commentaire: