En théorie, je suis assez d'accord avec l'assertion qui m'attend sur un transformateur juste après mon départ. Dans la pratique ma petite forme du jour m'intime de me contenter d'un morceau moins conséquent.
Même la toponymie essaie de m'embarquer dans des plans qui ne sont pas à ma mesure.
Fort heureusement, il y a des signes qui permettent de garder les pieds sur terre. A peu près tous les deux kilomètres une chapelle de ce style me rappelle que mon terrain de jeu du jour n'est "que" la fin de la terre.
Je ne croise guère de monde, tout au plus quelques matous qui se planquent en rase-motte.
Je ne néglige pas les autres bestiaux moins chanceux, en particulier les oiseaux qui volent en écrase-motte.
Après une soixantaine de bornes, une tarte aux fraises et une aux pommes, ma route surplombe la côte. La vue est magnifique, j'en reste "bouche-baie de Douarnenez". Hum.
J'entame la montée vers le sommet du Menez Hom. Effectivement, cela ne me demande pas une débauche d'efforts. Est-ce imputable à la conjonction de mon ascension avec la fête du même nom ? Permettez-moi d'en douter. Je n'ai donc nullement ressenti le magnétisme tant attendu. Aurais-je dû jetter mon dévolu sur un vélo en acier plutôt qu'en alu et carbone ? Mon esprit cartésien attribue plutôt la facilité de l'ascension à une pente régulière qui permet de s'installer dans une cadence de pédalage régulière.
Au sommet je compte déguster le panorama, me délecter de mon pique-nique et immortaliser cette orgie par quelques photos. Las, c'est sans compter sur un car de promeneu-rs/ses. Déçue par l'absence de l'indispensable table d'orientation, une dame m'approche et demande poliment à consulter ma carte. La bouche pleine de TUCs, j'opine du chef. Geste funeste pour ma tranquillité ! Un peu comme si, en plein Paris, je laissais tomber à terre un kebab-frites. Une nuée de pigeons seniors s'abat instantanément sur ma carte ! Une fois maîtres de mes destinées géographiques, les ramiers s'interessent à mon vélo. Les voilà qui tâtent les "boyaux" pour s'assurer de leur gonflage, ils/elles débatent également du nombre et de la taille des pignons en leur donnant de sonores petits coups du bout de leurs bâtons de marche. Un plus hardi que les autres s'aventure à toucher la chaîne et émet quelques réserves quant à sa propreté. J'ai bien senti que si je n'agissais pas avec célérité je serai la prochaine victime à être tâtée, pliée et déchirée. Tout en diversion, je reprends le contrôle de ma vie en même temps que de ma carte et m'éloigne penaud de la volière hitchcockienne.
Privé d'une pause méritée et attendue, le chemin du retour est ardu. Je me traîne face au vent. J'hésite à changer de moyen de locomotion. Quitte à aller lentement autant ne plus avoir à se soucier des problèmes d'équilibre, non ?
Peu avant mon arrivée, à la sortie d'un bourg, une vision me rappelle que j'erre en plein far-west et que malgré la fatigue, il faut profiter de cet exotisme à deux heures de bouchons de chez moi.
Avec une feuille pour m'orienter et mille autres pour me sustenter, je démontre une nouvelle fois qu'il m'en faut peu pour savourer la vie.
3 commentaires:
week-end chez la frangine ?
ya ! Trop plaisir de te lire !
A chacun son Paris-Brest.
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