dimanche 17 mai 2015

Surréalisme, abandon, désertification

Comme tant de villes de France, Angers compte son Avenue Pasteur. Tout porte à croire que c'est là que la municipalité expérimente de possibles aménagements cyclables plus ou moins probants. Par exemple, c'est en partie sur cet axe que sont disposés, à titre expérimental, une grosse partie des trop rares panneaux autorisant le "tourner à droite" aux feux. Ce besoin d'expérimenter ce qui a fait ses preuves dans bien d'autres villes européennes et depuis bien longtemps est assez inexplicable. Y a-t-il une spécificité angevine insoupçonnée ? Les automobilistes et cyclistes locaux sont-ils/elles moins bien armé-e-s au niveau psychomoteur que leurs homologues néerlandais-es, allemand-e-s ou italien-ne-s ? En l'absence d'une déficience éprouvée, excusez-moi de juger cette prudence excessive. L'expérience dure depuis un moment, est parfaitement concluante, mais ne se généralise pas. Quelques nouveaux panneaux sont promis pour cette année mais pas de changement massif en vue. Expérience amère à mon goût.

Toujours est-il qu'une autre expérimentation, pour le coup tout à fait novatrice et originale se tient depuis quelques semaines sur l'avenue Pasteur. Un nouveau panneau de signalisation (en deux exemplaires) a fait son apparition à l'occasion de la construction d'un immeuble. Observez les photos que je viens de prendre il y a quelques minutes :
Voilà un concept fort novateur, bien qu'alambiqué : la "piste cyclable réservée aux piétons". J'avoue que c'est tellement confus que j'ai peu de commentaires à émettre si ce n'est que la piste je la qualifie plutôt de "noire". D'ailleurs j'en laisse bien volontiers à l'usage à qui le voudra (pauvres piétons) :
Avec toute la retenue qui me caractérise, je trouve que ce bout de piste (il serait plus juste de parler de "bande" cyclable) ressemble davantage à un circuit de karting après le passage d'un ivrogne se prenant pour un pilote. La faute à ces plots qui jonchent lamentablement la chaussée. Dans un autre registre, la configuration des lieux m'évoque la litière dans laquelle mon défunt et regretté chat prenait plaisir à gratter le sable avant d'y déposer ses besoins. Idéal pour un félin, casse-gueule pour un vélo qui, il est vrai, n'a rien à faire sur cette "piste cyclable réservée aux piétons".

Les petits détails qui tuent sont les fiers logos de la Ville d'Angers et d'Angers Loire Métropole qui trônent sur le panneau annonçant les travaux. Évidemment, ils sont accompagnés du cliché d'un cadre de vie idyllique qui ne ressemble ni à une piste de karts, ni à un bac-à-chat. Je trouve qu'en terme de communication il y a là un voisinage plein d'une ironie dont je me délecte volontiers. Cette situation me paraît être la parfaite allégorie de l'actuelle politique cyclable angevine : un surréaliste abandon accompagné d'une lente mais inévitable avancée du désert.

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