Cet objet sous vos yeux, c'est le vélo de Monsieur Pailloux. Ce dernier vit en Vendée, près des Sables-d'Olonne. Je ne sais pas plus précisément où. Il est fasciné par tout ce qui tourne et son jardin est empli de dizaines de mobiles colorés qui virevoltent au gré du vent. Il fait partie de ces gens qu'on enferme vite dans la case « art brut », étiquette floue qui abrite un bric-à-brac inclassable et à la marge.
Les dimensions du vélo sont impressionnantes, un mètre de large sur trois de long. Lorsque la photo a été prise en 2010, il semblerait que l'engin n'avait pas été sorti du garage depuis des lustres. A la fois, la brise côtière la plus douce aurait de quoi transformer la moindre sortie en régate musclée. Peut-être est-ce ce qui explique que Mr Pailloux arbore un t-shirt de yachting ? Toujours est-il que le machin est désormais tellement éloigné sa fonction première d'outil de déplacement terrestre que Mr Pailloux s'est acheté une mobylette qu'il s'est empressé de redécorer. Moi qui peste souvent contre la présence de sacoches, lorsque j'interviens sur une roue ou un dérailleur arrière, je suis bien aise de ne pas compter le zigoto parmi mes clients. A la seule évocation de devoir monter son vélo sur le pied d'atelier, une goutte de sueur imbibée d'angoisse perle sur mon front.
ps > La photo et les quelques infos dont je dispose sont extraites du livre de Bruno Montpied, Eloge des jardins anarchiques, aux éditions de L'Insomniaque.
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