lundi 17 mars 2014

Mettre du vélo dans son vin


Mettre du vélo dans son vin

Je me propose aujourd’hui, d’ajouter cette expression au répertoire cycliste, car, à ma grande surprise je ne l’ai jamais lue dans aucun dictionnaire spécialisé. J’ai donc entamé de sérieuses recherches et c’est en toute bonne foi que je reviens vers vous pour en partager les fruits.


L'expression est née à la fin du XIX ème siècle, à une époque où à vélo il était d’usage d’allonger l’eau de son bidon avec du vin (et pas le contraire). C’était une manière de rendre la boisson moins désaltérante et plus enivrante, comme une invitation à enchaîner les kilomètres en un cercle qui se voulait vertueux : le pédalage appelle la soif, je bois donc je suis ivre, donc je pédale pour me dégriser, et ainsi de suite. Malheureusement, le "je suis ivre" de l’attendu précité, qui se veut le prélude à un pédalage redoublé est plus généralement suivi d’un “je n’arrive plus à suivre”.

L’échec patent de ce mode de préparation physique l’a donc fait disparaître des pelotons professionnels mais la pratique perdure chez les pédaleurs/euses du dimanche, bien connu-e-s pour l’ambiguïté de leurs motivations à pédaler : fuite du cercle familial, alcoolisme déguisé, etc. Ainsi, par glissement de sens, dès le milieu du XX ème siècle, l’expression a pris un sens figuré pour signifier "modérer ses ambitions sportives et prendre plus de bon temps". Typiquement, l’expression servira à qualifier un coureur en fin de carrière qui commence à penser à sa reconversion.

Exemple : « Hinault il commence à mettre du vélo dans son vin. Avec son caractère, je le verrai bien maltraiter des vaches ou alors faire videur sur le podium du Tour. » Citation anonyme, milieu des années 1980.

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