Mettre du vélo dans son vin
Je me propose aujourd’hui, d’ajouter
cette expression au répertoire cycliste, car, à ma grande surprise
je ne l’ai jamais lue dans aucun dictionnaire spécialisé. J’ai
donc entamé de sérieuses recherches et c’est en toute bonne foi
que je reviens vers vous pour en partager les fruits.
L'expression est née à la fin du
XIX ème siècle, à une époque où à vélo il était d’usage
d’allonger l’eau de son bidon avec du vin (et pas le contraire).
C’était une manière de rendre la boisson moins désaltérante et
plus enivrante, comme une invitation à enchaîner les kilomètres en
un cercle qui se voulait vertueux : le pédalage appelle la soif, je
bois donc je suis ivre, donc je pédale pour me dégriser, et ainsi
de suite. Malheureusement, le "je suis ivre" de l’attendu
précité, qui se veut le prélude à un pédalage redoublé est plus
généralement suivi d’un “je n’arrive plus à suivre”.
L’échec patent de ce mode de préparation physique l’a donc fait
disparaître des pelotons professionnels mais la pratique perdure
chez les pédaleurs/euses du dimanche, bien connu-e-s pour
l’ambiguïté de leurs motivations à pédaler : fuite du cercle
familial, alcoolisme déguisé, etc. Ainsi, par glissement de sens,
dès le milieu du XX ème siècle, l’expression a pris un sens
figuré pour signifier "modérer ses ambitions sportives et prendre
plus de bon temps". Typiquement, l’expression servira à
qualifier un coureur en fin de carrière qui commence à penser à sa
reconversion.
Exemple : « Hinault il commence à
mettre du vélo dans son vin. Avec son caractère, je le verrai bien
maltraiter des vaches ou alors faire videur sur le podium du Tour. »
Citation anonyme, milieu des années 1980.
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