C'est l'hiver, je rêve de pédaler au soleil. Alors je ne pédale pas du tout.
Pour entretenir le rêve (et peut-être même ne pas le concrétiser pour lui conserver tout son lustre) je m'atelle à la remise en état d'un de mes spads en monovitesse. Je commence par les roues. Il s'agit de ma toute première paire de roues en pignon fixe : des moyeux Primato Pista petites flasques en 36 trous avec des jantes Rigida Chrina. Rien de clinquant, priorité à la robustesse et à la simplicité. Elles ont roulé une bonne quinzaine d'années de manière assez intense. C'était aussi la première fois que je demandais à un mécano de me monter une paire de roues artisanales. Les pièces de pignon fixe étaient rares à l'époque. Je dois beaucoup à ce monsieur qui m'a appris et m'a toléré (j'étais pas le seul) dans son atelier pour de multiples conseils techniques.
Le temps à fait son œuvre et ces roues touchent leurs limites : piste de freinage usée, œillets rouillés, écrous des rayons figés, jeu dans les roulements, écrous d'axe rouillés et arrondis. Mais je n'ai ni l'envie, ni les moyens financiers de mettre tout ça à la poubelle. Et j'ai les moyens techniques de reconditionner des moyeux auxquels je tiens pour construire une nouvelle paire de roues. C'est l'occasion de vous montrer comment faire quand on a l'avantage d'avoir tout le matériel à disposition et quelques connaissances.
C'est là que pour éviter un massacre en règle du type "marteau-tournevis-écume aux lèvres" il est nécessaire d'avoir le bon outillage : des extracteurs de roulements avec un marteau certes mais d'un genre un peu spécial.
Voici l'extracteur que je vais utiliser. On le glisse dans la partie centrale percée du roulement. Sous l'effet de l'avancée d'une tige filetée la partie supérieure va s'ouvrir comme une corolle et la lèvre supérieure va s'appuyer sur le rebord du roulement dont la face nous est cachée.
Ceci étant fait on vient y visser le "marteau" qui consiste en un long tube sur lequel glisse une masse : la partie renflée que vous voyez ici collée à l'extracteur.
Gagné.
Maintenant et seulement maintenant on peut tout mettre en pièces (la roue entière offre une facilité pour tenir le moyeu et faciliter l'extraction des roulement) et sectionner les rayons.
J'utilise ensuite une presse qui va mettre tout en place sans abimer les divers éléments. Vous pouvez aussi essayer de faire ça avec la méthode éprouvée "tournevis-marteau-écume aux lèvres" si ça vous chante mais le résultat est hypothétique
En aparté, dans un coin de la photo, se trouve un moyeu où la roue-libre n'a pas été retirée avant démontage de la roue. Mauvais choix car désormais je ne dispose plus du bras de levier offert par la jante pour desserrer l'ensemble. C'est une erreur que je vois trop souvent et je me permets de la souligner.
Bim !
Bam (Pour ne rien vous cacher il y a deux roues sur un vélo et donc l'opération est à reconduire) !
Boum !
PS : J'ai passé deux heures à reconditionner cette paire de moyeux. Sans me presser certes mais, à 48€/h, en ajoutant le prix des roulements, des écrous neufs et de quelques bricoles on comprend que le cycliste contemporain est poussé par l'industrie vers le neuf et le jetable. L'écologie reste encore trop une affaire de bonne volonté et de moyens financiers tant les coûts environnementaux et sociaux restent cachés quand on se contente de mettre ce genre de pièces à la poubelle.
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