Cette compilation
vaut surtout pour tous les à-côtés de la course décrits par
Buzzati. Il a la chance de traverser l'Italie depuis la Sicile
jusqu'aux Alpes et le parcours passe près de points sensibles d'un
pays qui sort de la guerre et du régime fasciste. Ainsi, le passage
auprès des ruines de Monte Cassino est pour l'auteur l'occasion de
ranimer un instant les protagonistes de cette bataille acharnée.
Soldats qui commencent déjà à sombrer dans l'oubli et qui reposent
désormais côte à côte qu'elle que soit la couleur de leurs
uniformes. Plus tard, le passage par Trieste, séparée depuis 3 ans
du reste de l'Italie par les alliés pour en faire un état neutre,
est l'occasion de souligner la joie des habitant-e-s qui pour une
journée grâce au passage du Giro rejoignent le giron. Des lignes
empreintes d'un patriotisme triste que je ne connaissais pas sous la
plume de Buzzati.
Les à-côtés se
sont aussi tout simplement la description du public qui se masse sur
le bord des routes, public bigarré d'une Italie en mutation. D'une part, une
Italie traditionnelle (qu'il serait trop facile de réduire à celle de Bartali) peuplée de paysan-ne-s, de boutiquier-e-s, de prêtres et
moines ainsi que de la petite bourgeoisie terrienne, et plus au nord, une
Italie convertie à la modernité avec sur la côte un tourisme
bientôt massif et dans les terres des centres industriels qui
produisent des produits de grande consommation. Une Italie qui
s'enrichit et transforme les paysan-ne-s en ouvrier-e-s. Buzzati
excelle à donner corps à ces multiples facettes du pays en mettant
la lumière sur des acteurs de second plan, tel cet homme qui par
défi s'échine à effectuer seul le parcours du
Giro, ou encore cet ancien coureur qui a investi toutes ses primes
de courses afin d'acquérir les instruments nécessaires à
la fondation d'une fanfare digne de ce nom.
Je
déplore seulement que cette édition n'ait pas été soumise comme
il se doit au regard acéré d'un-e correcteur/rice. Il y a quelques
fautes de frappes et surtout beaucoup de fautes d'espaces qui nuisent
à la qualité de lecture.
Pour finir sur un sourire, je vous propose mon extrait préféré : Les freins grinçaient comme des chatons appelant leur mère. Difficile de faire plus évocateur.
Sur le Giro 1949,
Dino Buzzati, trad. Yves Panafieu, So Lonely, 2017.
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