Je ne suis pas un
ardent défenseur des communes dites nouvelles. Pas de
grandes considérations socio-économiques pour étayer mon propos,
en réalité ça me déplaît de réapprendre ces noms qui sortent de nulle part. Surtout je les trouve souvent artificiels et
dépourvus de la moindre poésie. Pourtant, dimanche, alors que
j'écrasais mes pédales comme un forcené pour avancer face au vent,
je trouvais que le paysage traversé méritait d'appartenir à une
commune que j'aurais baptisé Flandres-en-Anjou. Dans les moments les plus haletants j'ai eu le
sentiment d'être embarqué au coeur d'une grande classique
flandrienne : vent massif, paysage plat avec parfois de petits "coups de cul" qui cassent les jambes,
changements de direction répétés jusqu'à en donner le tournis et même un peu de
pavés lors des traversées de village. Et puis, il y avait dans l'air cette nervosité
typique des courses d'un jour où la moindre faute d'inattention peut
se solder par un gros écart difficile à combler voire une chute. Je
ne vais pas pousser plus loin l'analogie parce que je n'ai pas
l'âpreté au mal des coureurs, le vélo reste un prétexte pour
passer du bon temps entre ami-e-s.
Un des amis en
question avait la jouissance temporaire d'une machine artisanale de
chez Cyfac. Je ne saurai dire de la machine ou du cycliste
lequel était le plus nerveux. Cela ne nous a pas empêché d'user de
la dérision à l'évocation du fonctionnement des dérailleurs sans
fil. Malgré nos demandes réitérées nous n'avons pu accéder au
code wi-fi de la machine afin de geeker sur Yahoo News. Comme ceux
d'hier, les artisans d'aujourd'hui savent préserver les secrets !
Petit coup de coeur
pour le costume d'Arlequin de la fourche.
En comparaison, mon
vélo semble tirer la tronche, comme s'il participait à une
procession funèbre. J'ai bien senti quand j'ai pris cette photo
qu'il lorgnait de l'autre côté de la barrière conscient qu'un jour
il la franchira pour un dernier voyage suivi d'une triste
résurrection sous la forme d'une canette de soda gisant sur les
rayons sans horizons d'une grande surface.
Ce dimanche de
premier tour des présidentielles aurait pu me faire sombrer dans la
tristesse et l'amertume mais heureusement, il y a toujours quelque
part un drapeau rouge et noir qui flotte, même si c'est dans un vent
mauvais. Tant qu'il y a du noir, il y a de l'espoir.
Notre préoccupation
fut également de passer le bac. Le nœud n'était pas dans nos
estomacs mais sur la corde du bac. Je me suis littéralement jeté à
l'eau pour remporter cette épreuve. Elle était froide comme un
examinateur mais j'en suis sorti libre de toute angoisse et pas
mécontent d'éviter un rattrapage sous la forme d'un demi-tour avec
plusieurs kilomètres supplémentaires. Parfaite démonstration que
la fainéantise peut pousser à l'action.
Nous avons poussé
notre périple jusqu'à Durtal avant de reprendre la direction
d'Angers. Rien de spécial à évoquer. Le château est toujours à
sa place. Les mauvaises langues diront qu'il ne se passe rien dans
cette ville, je les entends s'esclaffer : « C'est le néant
Durtal ! ». Je m'insurge. Durtal n'a rien de
préhistorique, c'est une bourgade tout à fait moderne.
Sur le retour, la
fatigue se fait sentir mais vous constatez que la solidarité et la
bonne entente de notre groupe ne faillit pas, même quand il faut
affronter la barrière de la lande.
J'évoquais tout à
l'heure la pauvreté des noms des communes nouvelles. Un des derniers
hameaux traversés m'a cruellement rappelé cet état de fait. Un nom
évocateur au possible. La Tartentière ? Bien sûr !
Sucrée ou salée ? Ma préférence va vers la
rhubarbe ! Je me vois encore obligé de clore avec un proverbe :
Nous ne voulons pas des miettes, nous voulons toute la boulangerie.
Euh, je dirais que ce sont plutôt les canettes alu qui font des vélos, et non le contraire. (avec 500 canettes, nous construisons un vélo. dixit une pub)
RépondreSupprimerQue ton brèlon dorme en paix.
Merci pour cette précision !
RépondreSupprimerJe vote pour toi et la boulangerie tout entière !
RépondreSupprimer