L'année passée
j'ai lu « Vipère au poing » d'Hervé Bazin. Si j'étais
présomptueux, je dirai que je l'ai relu. Cette œuvre fait partie
des obligations scolaires de ma génération. Rétrospectivement, j'ai
pris conscience que ce que j'avais lu n'était qu'une version
édulcorée afin d'épargner mon âme innocente et n'y imprimer que
les passages moralement décents. L'âge des crottes de nez qui
pendent étant révolus depuis fort longtemps et après deux
décennies de vie angevine, je ne pouvais faire l'impasse sur ce
monument du patrimoine littéraire local. En effet, le plus clair de
l'histoire se déroule dans le segréen, à quelques dizaines de
kilomètres au nord-ouest d'Angers. Les lieux ont certes été
renommés mais le camouflage n'est pas bien épais il est aisé de
retrouver les lieux des sévices. Tels des badauds attirés par un
fait divers crapuleux, nous voilà partis à la recherche de la propriété où
Folcoche terrorisa sa progéniture. Hélas, après deux heures de
pédalage, près de toucher au but nous voilà stoppés net par un
chien de ferme outrageusement territorial qui nous terrorisa à notre
tour. Nous avons préféré rebrousser chemin et protéger nos
arrière-trains. Je n'ai donc pas d'image à vous
soumettre du but de notre échappée. Je reconnais que pour vous appâter, c'est maigre. Plus maigre même que
le chien qui nous a fait fuir.
Ce qui me console,
c'est que le matin nous avions rendez-vous sur la rive droite de la
Maine.
Ce simple fait
m'autorise à vous servir ce qui me semble le meilleur extrait du
bouquin. Quelques lignes qui ne figuraient pas dans la version qu'on
m'a donné à lire enfant. Il est de coutume de dire : qui aime
bien châtie bien. C'est souvent vrai, néanmoins, par un évident retour du bâton, Bazin aime surtout
châtier. J'avoue prendre plaisir à le lire punir la ville que
j'aime tant tout en étant trop rarement celle que j'aimerai.
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