Imaginez un atelier
de réparation vélos situé en haut d'une colline, au milieu de
nulle-part. Imaginez que cet atelier est tenu par une loutre nommée
Véloutre qui exerce ses talents au milieu d'une ménagerie pour le
moins hétéroclite : lémurien mangaka, écureuils de la
boulangerie "Shimano", tapir représentant en futons,
brebis pizzaiola ex-championne cycliste, chat coursier chez "Chat-va
vite".
Bienvenue dans le
petit monde du manga Les petits vélos.
Cette bédé
s'adresse aux enfants et aux jeunes adolescents : l'humour est
primesautier, le second degré plutôt rare (mais pas absent chez le
traducteur qui s'est autorisé à affubler le tapir du prénom de
Bernard), le dessin est à l'avenant, c'est à dire mignon tout plein
et tout en rondeurs. Les deux tomes enchaînent les historiettes de
quelques pages. Il n'y a pas de trame sur la longueur, la seule visée
du manga réside dans la volonté de vulgariser la culture vélo.
Tout y passe : le Tour, le processus de fabrication d'un vélo
artisanal, la diététique, comment gérer son effort, comment mettre
son vélo dans le train, les ancêtres du vélo, la vie des
coursier/ère-s, comment affronter les intempéries, etc. C'est très
didactique à tel point que cela évoque une mise en image des pages
Wikipedia consacrée à la petite reine. Présenté ainsi, j'ai
conscience que cela ne rend pas cet ouvrage très alléchant. Mais,
mon regard d'adulte saturé de culture vélo et rompu à la mécanique
n'est pas le plus approprié pour lui rendre justice. Pour faire la
balance, j'ai questionné une jeune lectrice qui a montré un
enthousiasme évident. De mémoire, elle m'a resservi quelques
extraits ponctués de grands éclats de rire. Un plébiscite !
Je suppose donc que sa culture cycliste s'est étoffé naturellement
sans qu'elle n'y prête vraiment attention.
Je conseille donc
cette lecture à deux publics. En premier lieu évidemment à tous
les enfants et sans aucun critère d'exclusion. Je prescris également
ce manga aux adultes stressé-e-s qui, à l'occasion d'un vol
long-courrier, voudraient se vider l'esprit mais qui sont
malheureusement allergiques aux comédies de remariage qui y tournent
en boucle en vue d'anesthésier l'angoisse du crash. Je me suis
(facilement) mis dans la peau des seconds et ai passé un moment "kawai" tout à fait exempt d'idées noires.
Les petits vélos,
Keiko Koyama, traduction Fabien Nathan, Komikku éditions, 2016.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire