lundi 21 novembre 2016

La philosophie dans le boudin


Ma dernière sortie a été riche d'enseignements. Elle a permis de résoudre une question majeure de la philosophie contemporaine. La voici sous sa forme la plus lapidaire. Le Cyclisme : marche ou crève ? Suivez mon exposé des faits et la conclusion qui s'impose.

Dimanche, presque à l'impromptu, notre petit groupe de trois met à profit une trouée dans les nuages pour quitter l'agglomération. Nous partons face au vent espérant ainsi rentrer sans efforts. Le parcours est agréable même si les séquelles de la tempête gisent en quantité sur notre chemin. Voilà pour le cadre général. Passons les péripéties et allons à l'essentiel.

L'un de nous vient à crever. Penaud, il avoue ne pas avoir de chambre à air de rechange. Il s'avère que je suis le seul à en posséder une. Je la cède de bon gré. Le troisième larron propose d'utiliser une vieille cartouche de CO2, stigmate de son passé de compétiteur. En quelques secondes, nous contribuons à accélérer l'effet de serre afin de préserver notre moyenne. Nous revoilà en selle. Las, quelques kilomètres plus loin, nouvelle crevaison. Comme le veut la tradition, la pluie se met alors à tomber avec vigueur. Je dégaine ma boîte de rustines. Je n'en manque pas mais il n'en va pas de même pour la colle. Mon tube n'en contient que quelques gouttes. Je respecte avec attention le temps de séchage alors même que nous sommes soumis à une douche copieuse. Malgré cela, j'ai quelques sueurs froides. Par manque de colle, un bord de la rustine n'adhère pas parfaitement. Néanmoins, le remontage se passe sans accrocs. Nous pédalons de nouveau à vive allure en direction d'Angers. Bientôt, à son approche, je sens que mon vélo perd la flegmatique tenue de route qui le caractérise. Alors que les serres et jardins cèdent doucement la place aux pavillons et aux tours, je suis victime d'une crevaison lente et contraint à l'arrêt. N'ayant plus de quoi réparer, je me contente de gonfler mon pneu le plus fort possible. Aussi sec (qualificatif peu représentatif de mon état corporel) j'enfourche le vélo et mouline vaille que vaille pour regagner mes pénates. Au risque de ternir ma prestance, je pédale en bec de selle afin de dégager du poids de la roue arrière. Lorsque ma machine me fait rouler du cul tel un vulgaire poney, je stoppe et réitère la manœuvre. Sans succès. Me voilà piéton pour plusieurs kilomètres. Lancelot jeté plus bas que terre. Une partie du chemin de croix s'effectue en compagnie de mes deux compagnons. Désormais en ville, je perçois leur gêne d'être vu aux côtés d'un vil fantassin. Pour ménager leur amour-propre, je les enjoins de m'abandonner. Traînant ma peine et poussant mon vélo, je médite sur mon destin funeste. La réponse à la question ontologique qui depuis la nuit des temps a assailli le/la Cycliste trouve réponse en un bref éclair de lucidité.

Le Cyclisme : marche ou crève ?

Foutaises !

Le Cyclisme : c'est crève et marche.

CQFD.

2 commentaires:

  1. Qu'est ce que j'aime te lire !
    (Je ne suis pas un robot)

    RépondreSupprimer
  2. Pareil, du petit lait verbal!


    " Le Cyclisme : marche ou crève ?

    Foutaises !

    Le Cyclisme : c'est crève et marche."

    X, 2016.

    RépondreSupprimer