Chère maman,
Je n'ai pas pu venir te souhaiter ta fête aujourd'hui. C'est pourquoi, afin de te rassurer quant à mon rythme de vie quand je suis pas à l'école, je te fais parvenir ces quelques photos et ce petit mot. Prends ceci comme une carte postale pour la fête des mères.
Avec un ami, nous avons décidé d'explorer à vélo la forêt de Nuaillé, en plein dans les Mauges, tout près de Cholet. Comme tu le sais fort bien, par ici les gens sont très croyants. Les croix et autres petits Jésus ne manquent donc pas. Ils sont en telle quantité que parfois ils contribuent presque à nous faire perdre le sens de l'orientation. Un calvaire te dis-je.
Ainsi, nous nous sommes enfoncés dans cette grande et belle forêt, parsemée de multiples bauges, étangs et lacs. La forêt est belle et bien entretenue, visiblement dans un but de chasse. J'ai jamais vu autant d'affûts, tu sais ces petites tours de garde pour les chasseurs. J'ai arrêté de les compter quand leur nombre dépassait celui des calvaires. Malgré cette probable "forte ponction cynégétique" (tu vois maman, j'ai bien suivi les cours de français et je sais désormais faire des euphémismes) nous avons croisé à deux reprises ce que je crois être une biche ou un faon, ou alors un daim (j'étais moins attentif en sciences-naturelles). Je crois que le vélo nous rend plus furtifs que les 4*4 des chasseurs locaux, mais chut, il ne faudrait pas leur souffler le truc... J'ai pas réussi à prendre la grosse bête en photo, alors je te joins celle du petit âne qui a accepté de se laisser gratter et qui était moins remuant. Imagine que c'est une biche. J'ai aussi une photo avec plein de ruches mais comme d'habitude elle est floue alors je la garde pour moi.
La forêt est tellement grande qu'à un bout, pour s'y repérer, les autochtones n'ont pas pu s'empêcher de mettre leur signalisation locale : une croix et une chapelle. C'était une très belle chapelle qui commémorait une bataille des guerres de Vendée. En bon profane que je suis, j'ai quand même trouvé la relation des habitants à leur dieu un peu étrange. Ils prétendent qu'il est partout et qu'il voit tout mais, en plein dans sa maison de campagne, ils ont mis une caméra et sur la porte un autocollant pour nous dire que la chapelle était sous surveillance. Peux-tu m'expliquer ? Leur dieu qui voit tout et partout, il est devenu aveugle ? Il peut même plus surveiller tout seul sa maison avec tous ses pouvoirs ? Si tu veux mon avis, je crois que les habitants du coin, c'est leur dieu qu'ils surveillent et pas le contraire. Ils ont pas confiance en leur dieu, ils croient pas autant qu'ils veulent bien le dire ! Mais tu as raison, je t'entends déjà dire : "Laisse donc les gens tranquilles, c'est pas tes affaires !".
Nous, on a pique-niqué devant la chapelle. J'avais pas assez emmené à manger, heureusement que mon copain était partageur, sinon j'aurai pas pédalé beaucoup plus avec mes 4 raviolis. Vraiment, les garçons sans leur maman, ils se nourrissent n'importe comment ! Après le repas, comme on était fatigués et pour pas qu'on s'énerve trop l'après-midi, on a fait la sieste. On était bercé par le bruit du vent dans les arbres. J'ai vraiment préféré ça à la sieste obligatoire de l'école où il faut faire semblant de dormir.
Ensuite, on a repris nos vélos auxquels on avait pris soin, la veille, de fournir des chaussures à gros crampons pour rouler dans la bouillasse. On a continué à errer dans la forêt à la recherche de fermes en ruines. Là, au détour d'un chemin on est tombés sur un tout petit chien et son monsieur qui a commencé à aboyer. Alors, le petit chien il a regardé le monsieur en lui disant de se taire, qu'il était pas poli de commencer la conversation sans dire bonjour. Le monsieur, c'était un des maîtres de la forêt. Il aime pas que les "envahisseurs", comme nous viennent dans sa forêt, bien que" les vététistes c'est les moins pires". En discutant un peu, le monsieur s'est détendu. Il a vu qu'on était pas méchants et qu'on avait rien cassé dans sa forêt. Pour te dire, on a même pas écrit notre nom sur la chapelle, alors que tout le monde a fait des scribouillis. J'aurais pu cafter Charles et Lucie Maillet mais ils sont sans doute trop vieux pour être punis. Je garde quand même la photo. On sait jamais. Et puis, pour arrondir les angles, on a dit qu'on était perdus. Je sais c'est pas bien de mentir mais ça aussi je l'ai appris à l'école et puis ça marche tellement bien et ça faisait moins d'énervement pour le monsieur. J'avais peur pour son coeur.
Alors, on a rebroussé chemin, de toutes façons, il fallait rentrer à Angers. Je commençais à être fatigué aussi parce que j'ai pas trop l'habitude de faire des promenades en forêt de 30 ou 40 kilomètres. Mais, comme ça m'a bien plu, il faudrait que je m'y mette un peu plus.
Je pense bien à toi et vous aime très fort toi et papa.
A bientôt.
Votre fils : Xavier
Bonne fête la maman du petit Xavier et aussi bonjour à son papa...
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