mardi 31 octobre 2023

Authentique en toc

 

Il y a un poncif agaçant quand il s'agit de représenter le travail manuel et l'artisanat. Il part d'un bon sentiment qui voudrait représenter l'authenticité de ce genre d'activités : une boulanger qui hume un pain frais, une ébéniste qui caresse le fil du bois après l'avoir poncé, un paysan qui frotte entre ses mains le blé récolté. Toutes ces représentations écartent les heures de sommeil perdues, les échardes dans les doigts et les moissonneuses qu'il faut réparer la nuit à la frontale. C'est ce que rappelle avec à propos mon livre de chevet du moment sur la maintenance et les mainteneurs/euses :

Si cette esthétique du rapport à la matière s'avère problématique, c'est surtout qu'elle peut mener à négliger la part sombre des relations avec les choses et à laisser de côté, voire au contraire à glorifier, la violence qui caractérise parfois les corps-à-corps de la maintenance et qui ne laisse pas les mainteneurs indemnes. C'est précisément à cela que nous rend sensibles la récalcitrance des choses : à la banalité de la violence occasionnelle des activités de maintenance et aux souffrances qu'elle peut engendrer chez celles et ceux qui les accomplissent. Interrogez votre plombier, jetez un œil à l'état des articulations des techniciennes et des techniciens de l'atelier où vous laissez votre voiture ou votre vélo. Repensez aux postures de Tom, le réparateur de photocopieurs que nous avons rencontré dans le chapitre précédent [...].

Merci pour ce rappel qui tombe fort à propos me concernant..

Le soin des choses, Politiques de la maintenance, Jérôme Denis et David Pontille, La Découverte, 2022.

1 commentaire:

MSR a dit…

En parlant d'écharde, ma journée se rappelle à moi....je vais lire ce livre..