mercredi 25 décembre 2019

Faire sauter le lardon

Comme nombre d'ouvriers du Nottingham de l'après-guerre, Arthur Seaton travaille dans l'usine de bicyclettes Raleigh. Son travail plutôt bien payé n'a rien de cauchemardesque mais tient plutôt du purgatoire. Il y subi de mornes semaines dans la seule attente de la paie du vendredi, condition matérielle à l'explosion du samedi soir. En clair la Débauche règne après la débauche. Ce mélange explosif de beuverie et des coucherie n'est pas sans générer des problèmes épineux. En l'occurrence, il lui faut trouver une "recette" efficace pour aider sa maîtresse (mariée et mère de deux enfants) à se débarrasser en toute discrétion d'un "lardon" en devenir.


Mais Arthur était surtout absorbé par sa grosse préoccupation, qu'il n'arrivait plus à chasser et, comme il passaient devant l'auge-abreuvoir pour chevaux qui se trouve à côté de la Bourse du Travail, il éprouva une envie d'ivrogne de se coucher dedans pour s'y noyer. Mais il se mit à rire. Pas assez profond. Et puis, l'eau était trop froide. Et aussi, est-ce qu'Ada ne lui avait pas donné un bon tuyau ? Il espérait bien que ça marcherait et que ça le ferait sauter le lardon. Des bicyclettes de course du dernier modèle brillaient faiblement derrière la vitre d'un marchand de vélos, avec la silhouette confuse de sir Walter Raleigh faisant une majestueuse révérence au milieu de l'étalage.

L'exemplaire en ma possession est un prêt mais vous pouvez éventuellement passer commande aux libraires de Les Nuits Bleues qui font régulièrement des réassorts auprès de l'éditeur.


Samedi soir, dimanche matin, Alan Sillitoe, traduit de l'anglais par Henri Delgove, L'échappée, 2019.

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