jeudi 7 juin 2018

Savoir-vivre et savoir-faire

Voici quelques scènes qui n'arrivent jamais.

A l'hôpital :
Bonjour, mon mari a une fistule mal placée. J'ai regardé vite fait sur Doctissimo et ça n'a pas l'air bien compliqué. Alors je vous emprunte le bloc numéro deux, j'en ai pas pour longtemps. Il est où l'anesthésiste qui va me seconder ? Tant qu'on y est vous me passez votre blouse ?

Au restaurant :
Je vais prendre cette petite table dans le coin ! Ne vous dérangez-pas j'ai mon pique-nique, il ne me manque que les couverts. Je peux avoir une carafe d'eau s'il vous plaît ?

Au garage automobile :
Ah zut, vous utilisez le pont élévateur... Dites, je viens de me procurer un embrayage sur internet, ça vous gêne pas de me laisser la place ? Vous seriez gentil, c'est juste qu'il me manque deux, trois outils !

Chez le/la fleuriste :
Je ne vous embête pas longtemps. Je vous explique. Je viens d'acheter ces belles fleurs sur le marché, il me manque un peu de papier et de ficelle pour faire joli. Vous me dépanneriez s'il vous plaît ?

Dans une boulangerie :
Bonjour. Ne vous dérangez pas, je viens faire mon pain. J'ai tout ce qu'il faut sauf le fournil, c'est ballot hein ! Je peux emprunter votre pétrin ? Et puis le four aussi ! Il fait drôlement chaud ici, y'a pas moyen d'aérer un peu ?

Aux pompes funèbres :
Excusez-moi, le chien de madame Michu est crevé. En farfouillant,j'ai bien trouvé une pelle dans votre local (où c'est un peu le bazar soit dit en passant) mais j'arrive pas à mettre la main sur les clés du corbillard...

Tout ça semble un poil surréaliste, non ? Encore que l'histoire de le/la fleuriste est réelle...

Si la honte pouvait tuer, je vous assure qu' il y aurait petit charnier sur le perron de l'atelier. Je me répète un peu mais les règles de décence s'appliquent aussi à mon égard. J'attire l'attention sur le fait qu'un métier ne se résume pas à la possession d'une caisse à outils. Disposer d'une échelle, d'un échafaudage et d'une bétonneuse ne transforme pas, par magie en maçon-ne chevronné-e

Je répète que c'est avec plaisir que je prête les outils de bases. Cependant, certains sont exclus du prêt, soit parce que j'en ai un besoin récurrent, soit parce qu'ils sont fragiles, onéreux, dangereux, que sais-je encore. Enfin et surtout le prêt n'est en rien une obligation pour moi et je n'ai pas à me justifier.

En conséquence, de la même manière que j'essaie d'améliorer au maximum mon petit savoir-faire, j'invite certaines personnes à entraîner leur savoir-vivre quand ils/elles veulent me taxer des outils.

On ne peut prêter de crédit à la valeur du respect que s'il est mutuel. Cette morale vaut bien un jeu de mot.

2 commentaires:

Rita a dit…

Peut-être qu'à un moment il te faudra faire une édition papier, peut-être que certain-es de tes cyclistes en panne n'ont pas accès à internet, en plus de ne pas avoir de boites à outils et surtout un poil de tact. Et surtout, j'espère qu'ils ne font pas légion !!!
Garde le sourire, en espérant qu'il puisse donner envie aux gens d'être à nouveau sympa dans la vie !

HEEZA a dit…

Etant moi-même un -tout- petit libraire, il m'est parfois arrivé qu'on me demande à la boutique : "Ce livre, ils l'ont à la FNAC ?" :-D