mardi 27 février 2018

Ne pas confondre vintage et vieille tache !



A la demande générale, je continue ma petite typologie des types de cyclistes. Je tiens à rappeler le vieil adage :  "Qui aime bien châtie bien." J'ajouterai même qu'en chaque cycliste dépeint je reconnais un peu de ma personne, à un moment où l'autre de ma petite histoire avec la grande reine (une inversion des adjectifs me semblerait prétentieuse). J'espère avoir des accents de sincérité.

Le vintage (canal hystérique)
Il s'agit en général d'un homme d'âge mûr. Suffisamment à l'aise pour acquérir et restaurer les vélos des idoles de son enfance mais pas assez fortuné pour se permettre de collectionner des bagnoles. Il cherche à parfaitement remettre d'origine des modèles de marques prestigieuses. Il connaît les arcanes des numéros de série des pièces Campagnolo et peut ainsi s'approcher au plus près du « period correct » qui sera le gage de son bon goût. Évidemment si des compromis s'imposent un ulcère d'estomac peut se déclencher pour un dérailleur postérieur de trois mois à la date de parution du catalogue du Bianchi qu'il retape. Inéluctablement, sa folie le conduira un jour à jeter son dévolu sur un vélo ayant appartenu à un coureur professionnel. Et ses nuits seront blanches tant qu'il n'aura pas pour pyjama le maillot d'époque de l'équipe. Évidemment, il ne jure que par l'Italie et ne manquerait pour rien au monde une édition de L'Eroica. Pour la photo, il y arbore un sourire de circonstances mais vit un enfer intérieur. Arpenter la poussière des chemins blancs toscans va inévitablement abîmer la prunelle de ses yeux. En clair, il vénère le passé mais ne supporte pas le temps qui passe. C'est valable pour sa bicyclette tout autant que pour sa personne.

Phrase type : C'était mieux avant ! Sous-entendu avant le milieu des années 80 et l'arrivée des vitesses indexées des pédales automatiques.

Le vintage (canal vélo sorti du canal)
C'est l'héritier-e abâtardi-e du précédent. De confidentielle, la passion du vintage est passée au rang de mode. Le moindre objet vieillot retrouve un lustre insoupçonné. Le formica paraît prestigieux de même que le vélo en tube de chauffage. Les grandes marques françaises ont sa préférence. Elles lui rappellent les vélos de sa tendre enfance sur lesquels il a appris à pédaler. C'est un cauchemar pour les mécanicien-ne-s car son jugement transforme le moindre demi-course extrait d'une benne en vélo d'artisan. Il est alors délicat de lui expliquer que l'acier de la dite benne est de meilleure qualité que le cadre de son épave. Si c'est un homme il faut aussi déployer tout son tact pour le convaincre que cette vieille selle en cuir toute avachie qu'il aime tant met sa prostate en grand danger. Plus jeune et moins installé-e que son collègue du canal hystérique il/elle n'a pas les moyens de partir en Italie. Vous le/la croiserez donc aux alentours de Saumur lors de l'Anjou Vélo Vintage. Pour l'occasion, il/elle aura équipé son vélo d'un porte-paquet lesté d'une ancienne caisse de vin en bois, dont le poids n'a rien à envier à une barrique en chêne. Quelques kilomètres suffiront à lui faire amèrement regretter ce choix. Cette souffrance n'est rien comparée au spectacle de son accoutrement vestimentaire qui, par ignorance, évoque plutôt le "bon vieux temps" des années 40 et des restrictions que celui des congés payés en tandem.

Phrase type : C'était mieux avant ! Sous-entendu avant la libération.

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