A la demande générale, je continue ma petite typologie des types de cyclistes. Je tiens à rappeler le vieil adage : "Qui
aime bien châtie bien." J'ajouterai même qu'en chaque
cycliste dépeint je reconnais un peu de ma personne, à un moment où
l'autre de ma petite histoire avec la grande reine (une inversion des
adjectifs me semblerait prétentieuse). J'espère avoir des accents
de sincérité.
Le vintage (canal hystérique)
Il s'agit en général d'un homme d'âge mûr. Suffisamment à l'aise
pour acquérir et restaurer les vélos des idoles de son enfance mais
pas assez fortuné pour se permettre de collectionner des bagnoles.
Il cherche à parfaitement remettre d'origine des modèles de marques
prestigieuses. Il connaît les arcanes des numéros de série des
pièces Campagnolo et peut ainsi s'approcher au plus près du
« period correct » qui sera le gage de son bon goût.
Évidemment si des compromis s'imposent un ulcère d'estomac peut se
déclencher pour un dérailleur postérieur de trois mois à la date
de parution du catalogue du Bianchi qu'il retape. Inéluctablement,
sa folie le conduira un jour à jeter son dévolu sur un vélo ayant
appartenu à un coureur professionnel. Et ses nuits seront blanches
tant qu'il n'aura pas pour pyjama le maillot d'époque de l'équipe.
Évidemment, il ne jure que par l'Italie et ne manquerait pour rien
au monde une édition de L'Eroica. Pour la photo, il y arbore
un sourire de circonstances mais vit un enfer intérieur. Arpenter la
poussière des chemins blancs toscans va inévitablement abîmer la
prunelle de ses yeux. En clair, il vénère le passé mais ne
supporte pas le temps qui passe. C'est valable pour sa bicyclette
tout autant que pour sa personne.
Phrase type : C'était mieux avant ! Sous-entendu
avant le milieu des années 80 et l'arrivée des vitesses indexées
des pédales automatiques.
Le vintage (canal vélo sorti du canal)
C'est l'héritier-e abâtardi-e du précédent. De confidentielle, la
passion du vintage est passée au rang de mode. Le moindre objet
vieillot retrouve un lustre insoupçonné. Le formica paraît
prestigieux de même que le vélo en tube de chauffage. Les grandes
marques françaises ont sa préférence. Elles lui rappellent les
vélos de sa tendre enfance sur lesquels il a appris à pédaler.
C'est un cauchemar pour les mécanicien-ne-s car son jugement
transforme le moindre demi-course extrait d'une benne en vélo
d'artisan. Il est alors délicat de lui expliquer que l'acier de la
dite benne est de meilleure qualité que le cadre de son épave. Si
c'est un homme il faut aussi déployer tout son tact pour le
convaincre que cette vieille selle en cuir toute avachie qu'il aime
tant met sa prostate en grand danger. Plus jeune et moins installé-e
que son collègue du canal hystérique il/elle n'a pas les moyens de
partir en Italie. Vous le/la croiserez donc aux alentours de Saumur
lors de l'Anjou Vélo Vintage. Pour l'occasion, il/elle aura
équipé son vélo d'un porte-paquet lesté d'une ancienne caisse de
vin en bois, dont le poids n'a rien à envier à une barrique en
chêne. Quelques kilomètres suffiront à lui faire amèrement
regretter ce choix. Cette souffrance n'est rien comparée au
spectacle de son accoutrement vestimentaire qui, par ignorance,
évoque plutôt le "bon vieux temps" des années 40 et des
restrictions que celui des congés payés en tandem.
Phrase type : C'était mieux avant ! Sous-entendu
avant la libération.
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