mardi 25 juillet 2017

Aménagement de peine


Si vous endossez la condition de cycliste, le boulevard du Doyenné, à Angers, vous semblera fort mal nommé. Ce billet compte en faire la démonstration.

Avec son paysage de zone commerciale typique des périphéries françaises, ce boulevard n'est visuellement guère attrayant. Qui plus est, son entame ascendante oblige à appuyer un peu plus fort sur les pédales. Entre parenthèses, j'ai plus de ressentiment envers la toute-puissance de l'économie qui défigure ma ville qu'envers la sudation inévitable mais passagère imposée par la topographie. Toujours est-il que le boulevard est doté d'une bande cyclable large et bien matérialisée tout à fait rassurante qui compense tant bien que mal les défauts évoqués :
Là où le bât blesse, où plutôt là où l'automobiliste pourrait blesser, c'est que le boulevard accueille un rond-point au niveau de la coopérative biologique. Plutôt que de permettre la continuité de la bande cyclable sur les extérieurs du rond-point, les aménageurs/euses n'ont rien trouvé de mieux que de la terminer en queue-de-poisson. Le trottoir se resserre et un marquage au sol intime un cédez-le-passage à la petite reine offrant, contre tout respect de l'étiquette, la primauté à sa sainteté automobile. Double-peine puisque quelques mètres plus loin, un autre cédez-le-passage vous coupera dans l'élan et oblige à ponctionner de l'énergie dans la couche de graisse ventrale que les cyclistes tentent de conserver avec tant de peine. Dois-je rappeler que le coût de l'énergie pour un-e cycliste et un-e automobiliste n'est pas le même ? Certes enfoncer une pédale d'accélérateur coûte plus cher d'un point de vue financier mais écraser deux pédales pour redémarrer à vélo est autrement plus épuisant.
En bref, cet aménagement est merdique et j'ai du mal à comprendre le raisonnement intellectuel qui a conduit à un tel choix technique alors que rien ne semblait entraver une potentielle continuité cyclable. Voilà pourquoi, par volonté de cohérence, il faudra débaptiser le boulevard du Doyenné. Les cyclistes n'y feront jamais de vieux os. Je propose de le renommer boulevard de la Mort (la présence de la majuscule reste à discuter). Avec un peu de chance cette fine exagération tarantinesque aura un effet de sidération qui conduira les usager-e-s à la prudence. Au pire, à défaut d'épargner des vies, cette mesure coûtera moins cher à la collectivité que de revoir l'aménagement du rond-point.

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