mardi 25 avril 2017

Flandres-en-Anjou


Je ne suis pas un ardent défenseur des communes dites nouvelles. Pas de grandes considérations socio-économiques pour étayer mon propos, en réalité ça me déplaît de réapprendre ces noms qui sortent de nulle part. Surtout je les trouve souvent artificiels et dépourvus de la moindre poésie. Pourtant, dimanche, alors que j'écrasais mes pédales comme un forcené pour avancer face au vent, je trouvais que le paysage traversé méritait d'appartenir à une commune que j'aurais baptisé Flandres-en-Anjou. Dans les moments les plus haletants j'ai eu le sentiment d'être embarqué au coeur d'une grande classique flandrienne : vent massif, paysage plat avec parfois de petits "coups de cul" qui cassent les jambes, changements de direction répétés jusqu'à en donner le tournis et même un peu de pavés lors des traversées de village. Et puis, il y avait dans l'air cette nervosité typique des courses d'un jour où la moindre faute d'inattention peut se solder par un gros écart difficile à combler voire une chute. Je ne vais pas pousser plus loin l'analogie parce que je n'ai pas l'âpreté au mal des coureurs, le vélo reste un prétexte pour passer du bon temps entre ami-e-s.

Un des amis en question avait la jouissance temporaire d'une machine artisanale de chez Cyfac. Je ne saurai dire de la machine ou du cycliste lequel était le plus nerveux. Cela ne nous a pas empêché d'user de la dérision à l'évocation du fonctionnement des dérailleurs sans fil. Malgré nos demandes réitérées nous n'avons pu accéder au code wi-fi de la machine afin de geeker sur Yahoo News. Comme ceux d'hier, les artisans d'aujourd'hui savent préserver les secrets !

Petit coup de coeur pour le costume d'Arlequin de la fourche.

En comparaison, mon vélo semble tirer la tronche, comme s'il participait à une procession funèbre. J'ai bien senti quand j'ai pris cette photo qu'il lorgnait de l'autre côté de la barrière conscient qu'un jour il la franchira pour un dernier voyage suivi d'une triste résurrection sous la forme d'une canette de soda gisant sur les rayons sans horizons d'une grande surface.

Ce dimanche de premier tour des présidentielles aurait pu me faire sombrer dans la tristesse et l'amertume mais heureusement, il y a toujours quelque part un drapeau rouge et noir qui flotte, même si c'est dans un vent mauvais. Tant qu'il y a du noir, il y a de l'espoir.

Notre préoccupation fut également de passer le bac. Le nœud n'était pas dans nos estomacs mais sur la corde du bac. Je me suis littéralement jeté à l'eau pour remporter cette épreuve. Elle était froide comme un examinateur mais j'en suis sorti libre de toute angoisse et pas mécontent d'éviter un rattrapage sous la forme d'un demi-tour avec plusieurs kilomètres supplémentaires. Parfaite démonstration que la fainéantise peut pousser à l'action.

Nous avons poussé notre périple jusqu'à Durtal avant de reprendre la direction d'Angers. Rien de spécial à évoquer. Le château est toujours à sa place. Les mauvaises langues diront qu'il ne se passe rien dans cette ville, je les entends s'esclaffer : « C'est le néant Durtal ! ». Je m'insurge. Durtal n'a rien de préhistorique, c'est une bourgade tout à fait moderne.

Sur le retour, la fatigue se fait sentir mais vous constatez que la solidarité et la bonne entente de notre groupe ne faillit pas, même quand il faut affronter la barrière de la lande.

J'évoquais tout à l'heure la pauvreté des noms des communes nouvelles. Un des derniers hameaux traversés m'a cruellement rappelé cet état de fait. Un nom évocateur au possible. La Tartentière ? Bien sûr ! Sucrée ou salée ? Ma préférence va vers la rhubarbe ! Je me vois encore obligé de clore avec un proverbe : Nous ne voulons pas des miettes, nous voulons toute la boulangerie.

3 commentaires:

johndeere a dit…

Euh, je dirais que ce sont plutôt les canettes alu qui font des vélos, et non le contraire. (avec 500 canettes, nous construisons un vélo. dixit une pub)
Que ton brèlon dorme en paix.

La Tête dans le Guidon a dit…

Merci pour cette précision !

Rita a dit…

Je vote pour toi et la boulangerie tout entière !