mardi 3 janvier 2017

Les petits vélos


Imaginez un atelier de réparation vélos situé en haut d'une colline, au milieu de nulle-part. Imaginez que cet atelier est tenu par une loutre nommée Véloutre qui exerce ses talents au milieu d'une ménagerie pour le moins hétéroclite : lémurien mangaka, écureuils de la boulangerie "Shimano", tapir représentant en futons, brebis pizzaiola ex-championne cycliste, chat coursier chez "Chat-va vite".

Bienvenue dans le petit monde du manga Les petits vélos.

Cette bédé s'adresse aux enfants et aux jeunes adolescents : l'humour est primesautier, le second degré plutôt rare (mais pas absent chez le traducteur qui s'est autorisé à affubler le tapir du prénom de Bernard), le dessin est à l'avenant, c'est à dire mignon tout plein et tout en rondeurs. Les deux tomes enchaînent les historiettes de quelques pages. Il n'y a pas de trame sur la longueur, la seule visée du manga réside dans la volonté de vulgariser la culture vélo. Tout y passe : le Tour, le processus de fabrication d'un vélo artisanal, la diététique, comment gérer son effort, comment mettre son vélo dans le train, les ancêtres du vélo, la vie des coursier/ère-s, comment affronter les intempéries, etc. C'est très didactique à tel point que cela évoque une mise en image des pages Wikipedia consacrée à la petite reine. Présenté ainsi, j'ai conscience que cela ne rend pas cet ouvrage très alléchant. Mais, mon regard d'adulte saturé de culture vélo et rompu à la mécanique n'est pas le plus approprié pour lui rendre justice. Pour faire la balance, j'ai questionné une jeune lectrice qui a montré un enthousiasme évident. De mémoire, elle m'a resservi quelques extraits ponctués de grands éclats de rire. Un plébiscite ! Je suppose donc que sa culture cycliste s'est étoffé naturellement sans qu'elle n'y prête vraiment attention.
Je conseille donc cette lecture à deux publics. En premier lieu évidemment à tous les enfants et sans aucun critère d'exclusion. Je prescris également ce manga aux adultes stressé-e-s qui, à l'occasion d'un vol long-courrier, voudraient se vider l'esprit mais qui sont malheureusement allergiques aux comédies de remariage qui y tournent en boucle en vue d'anesthésier l'angoisse du crash. Je me suis (facilement) mis dans la peau des seconds et ai passé un moment "kawai" tout à fait exempt d'idées noires. 
Les petits vélos, Keiko Koyama, traduction Fabien Nathan, Komikku éditions, 2016.

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