jeudi 3 mars 2016

Uberisation ?

Jusqu'à présent la règle voulait qu'au moins une personne au sein d'un atelier de réparation de cycles soit titulaire du Certificat de Qualification Professionnel. Cette obligation de qualification était inscrite dans la loi n°96-603 du 5 juillet 1996. Cette règle est désormais caduque suite à une ordonnance du gouvernement de décembre 2015 qui modifie le texte de loi.

Désormais, sans aucune formation ni expérience particulière, quiconque peut s'installer en tant que mécanicien vélo*.

J'ai toujours dit que la simple obtention du CQP ne faisait pas de son titulaire un mécanicien-vélo et je suis critique sur certains aspects du CQP. Cette formation chapeautée par l'industrie du cycle est clairement un moyen de former des mécanicien-ne-s qui vont répondre à ses attentes, notamment commerciales. "La voix de son maître" en caricaturant.

Néanmoins, le CQP a une qualité essentielle : il est une base de formation, certes minimale, mais commune à tou-te-s ses détenteurs/rices. La formation, sanctionnée par un examen, est aussi l'assurance que la personne qui va réparer/entretenir votre vélo ne s'est pas improvisée mécanicien-ne du jour au lendemain. Cette base commune est, croyez-moi ça compte beaucoup, la reconnaissance sociale que réparer, et plus largement conseiller et vendre des vélos est "métier" à part entière et pas juste du bricolage à la petite semaine.

Reste à voir comment va réagir la profession. Les grosses machines comme Décathlon ont pris le plis de former leur personnel là-bas, de même pour de plus petites franchises. Cette habitude d'avoir un personnel déjà un peu formé va sans doute rester ancrée, elle évite de grosses déconvenues de recrutement. Pour le reste, je ne sais pas trop qu'en penser si ce n'est que ce changement légal risque de remettre en cause la stabilité des instituts de formation comme le CNPC Sports et l'INCM qui sont jusqu'à présent les deux pourvoyeurs de mécanos. Enfin, comment vont répondre les sociétés d'assurance ? Accepteront-elles de couvrir des artisan-ne-s non-formé-e-s et donc sans caution de l'industrie du cycle ? Je me pose beaucoup de questions mais je dois avouer que la plupart sont, pour le moment, sans réponses. A suivre.


* Source : Bike Eco, Journal des détaillants français du cycle, article "La Boîte de Pandore", février 2016.

Crédit iconographique : Pandora, John William Waterhouse, 1896

2 commentaires:

ÈRÈLLE a dit…

https://iaata.info/Le-Uber-de-la-restauration-debarque-a-Toulouse-L-independance-c-est-l-esclavage-1023.html

La Tête dans le Guidon a dit…

ça file la gerbe...