dimanche 8 novembre 2015

Gangrène

Un client me demande un diagnostic. De toute évidence la transmission de son vélo est plus usée qu'un académicien après une séance du dictionnaire. La chaîne et les pignons sont bons pour la benne, les dents des plateaux plus affûtées qu'une machine à découper le jambon. Si ce n'était que ça. L'ensemble est dans un tel état de délabrement qu'en mon for intérieur je me demande si cela en vaut le coup/coût et jusqu'à quel point j'ai envie de m'infliger un rude châtiment. Je tergiverse. Je tarde à exprimer un avis tranché. Le client sent mon embarras, pour relancer la conversation il s'interroge en désignant les pignons :
-Le problème vient des "moignons", c'est ça ?

Je n'ai pas osé répliquer que la gangrène avait déjà pris, qu'il était trop tard pour procéder à l'amputation. Néanmoins, ce pauvre vélo ne marchera plus jamais. Inutile de tomber dans l'acharnement thérapeutique.

1 commentaire:

Vincent a dit…

Il a eu de la chance, avec un peu de malchance c'aurait été les rognons...