lundi 26 octobre 2015

Cévennes vs. Mayenne

Le hasard a voulu que je tombe dans ma bibliothèque sur un poème qui évoque à la perfection (l'extase divine en moins) ma dernière expédition à vélo. La région évoquée par le poète n'est pas la même et, si je connais mal les Cévennes, je doute fort qu'elles ressemblent à la Mayenne. Toutefois la rime n'est pas si pauvre qu'il y parait, mon chemin de crête était parfois "tout recouvert de fin gravier" et j'y suis allé "pour sentir battre mon coeur". Pour le reste vous ferez vous même l'adaptation grâce à mes maigres photos mises en regard. Je reconnais toutefois que la figure du "vigneron-poète" est difficilement transposable quand on a pratiqué la rudesse de l'accueil paysan qui règne du côté du Mont des Avaloirs.

Chemin des crêtes

Mon chemin de crête perdu
tout recouvert de gravier fin
où l'on ne rencontre personne
j'en garderai bien le secret,
sinon viendraient des gens d'affaires
et derrière eux des géomètres
et puis encore des petits bourgeois,
et l'on découperait en tranches
mes pinèdes folles et mes amandiers.
Merci mon Dieu pour ce chemin
d'où je domine dix lieues à la ronde,
où la mer limite mon regard
et les Cévennes regardent mon dos.
Le vigneron-poète y passe
pour aller à sa terre bien-aimée
toute claustrée entre ciel et garrigues.
Le chasseur vient y perdre ses pas
pour massacrer la sauvagine,
et celui-là je le maudis.
Moi, je viens ici pour sentir battre mon cœur
au rythme du temps éternel
et pour écouter s'ouvrir en craquant
les pommes de pins sous le soleil.

Georges Dezeuze, extrait d'Ecrit à bicyclette.


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