dimanche 26 juillet 2015

Ces gens-là

Je vous fais profiter de mes lectures de vacances. Voici un extrait d'un court récit d'anticipation pondu en 1972.

Les visiteurs du musée étaient tous des gens d'âge mûr ou relativement avancé. Leur visage reflétait un sentiment que je n'avais jamais rencontré...quelque chose qui n'était ni tout à fait de l'amour ni tout à fait de la concupiscence. Ce sentiment se propageait sur leur figure comme des rides à la surface de l'eau chaque fois qu'ils frôlaient une aile ou s'arrêtaient devant un capot qui avait été relevé de façon à ce qu'on puisse admirer le moteur, entièrement chromé ou peint. Ces gens-là ressemblaient à mon père, pensai-je. Ils avaient possédé des automobiles quand ils étaient plus jeunes, avant le Jour de la Restitution et cet autre jour, un an plus tard, où la plupart des voitures privées, à vapeur ou électriques, avaient été interdites à cause de l'engorgement de la circulation. L'espace d'un instant je me demandai quelle impression cela pouvait faire de posséder une automobile, puis je chassai cette pensée. Mon vieux avait souvent essayé de me l'expliquer avant que je ne claque pour de bon la porte de la maison en lui criant que je me demandais comment il pouvait aimer à ce point ces satanées machines alors qu'il crachait ses poumons...

Franck M. Robinson, Vent d'est, vent d'ouest, Le Passager Clandestin, traduit de l'américain par Jean-Marie Dessaux.

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