jeudi 8 janvier 2015

Toujours plus vite


La période des vacances est parfois propice pour remettre sur l'établi des ouvrages en souffrance. Ainsi en a-t-il été de mes dernières pérégrinations. Pour ce qui est de l'établi, j'ai disposé d'une tablette sur en ferry un peu chahuté par les vagues, l'ouvrage était un livre (excusez-moi la redite) d'Hartmut Rosa que je n'avais pas réussi à terminer et que j'ai donc repris totalement, cette fois avec succès. Il y a quelques pages que j'ai trouvées bien à propos quant à mon activité professionnelle. En voici une :

Mais, dans la société de l'accélération, on ne répare plus les choses : alors que nous pouvons facilement accélérer la production, nous ne pouvons pas accélérer significativement la maintenance et le service. Par conséquent, réparer les choses devient de plus en plus cher par rapport au fait de les reproduire. De plus, comme la plupart des produits deviennent techniquement de plus en plus compliqués, nous perdons la connaissance pratique nécessaire à nous en occuper nous-mêmes. Enfin, comme la vitesse du changement social augmente, la "consommation morale" des choses surpasse toujours leur consommation physique : nous avons tendance à jeter et à remplacer les voitures, les ordinateurs, les habits et les téléphones bien avant qu'ils ne soient physiquement épuisés. Cependant, il est certain que les chaussettes que vous n'avez portées que deux ou trois fois, la voiture que vous apportez au garage pour un simple changement de pneus et la radio portative dont vous n'avez même jamais réglé l'heure correctement ne deviennent plus une partie de vous-mêmes. Ils vous demeurent, de façon évidente, "étrangers".

Hartmut Rosa, Aliénation et accélération, Vers une théorie critique de la modernité tardive, La Découverte, 2014

1 commentaire:

ÈRÈLLE a dit…

http://petrole.blog.lemonde.fr/2013/10/30/francois-roddier-par-dela-leffet-de-la-reine-rouge/