samedi 27 décembre 2014

Les contes de la crypte

Les plus beaux cadeaux sont parfois ceux que l'on s'octroie. Je convoite Bike Mechanic depuis quelques semaines. Lorsque j'ai pu me le procurer, je me suis surpris, en attendant mon tour à la caisse, le caressant d'un geste langoureux. Bon signe. Bourré de photos, ce pavé de plus de 250 pages, donne un coup de projecteur sur le quotidien, le labeur et l'ingéniosité des mécaniciens des grandes équipes professionnelles du cyclisme sur route.
La première partie décrit en détail la routine des mécaniciens : le nettoyage des vélos après la course, le rangement et l'organisation des camions de l'équipe, la fatigue des transports, les conditions de travail souvent précaires et parfois nocturnes, l'angoisse de la panne en course et ses conséquences, la diversité des relations avec les coureurs et les directeurs sportifs. Le texte regorge d'anecdotes sur les débuts de futurs grands noms du cyclisme tels que Masi, Colnago et Nagasawa. Les évolutions historiques du métier y sont également bien dessinées. Ainsi, dans les années 50, les mécanos étaient presque des intérimaires (pour ne pas dire mercenaires) recrutés au pied levé en fonction des besoins du moment par les équipes. Ils se déplaçaient à leurs propres frais sur les compétitions et avec leur propre outillage. Une époque lointaine désormais révolue.
Il y a aussi de bonnes pages en immersion avec les équipes d'assistance neutre proposées par Mavic ou Vittoria. On se représente mieux le casse-tête que cela implique d'assister en course des cyclistes équipés de vélos aux compatibilités si restreintes.

La deuxième partie concerne le "biotope" du mécanicien, elle est, de loin, celle qui remporte mes faveurs. D'abord par l'avalanche d'outils, montré en gros plan, avec une précision chirurgicale pour ne pas dire obscène. Le plus souvent ces clichés sont accompagnés de la description objective de l'usage et des qualités des outils mais, parfois, certaines réflexions montrent un attachement de l'auteur pour des raisons esthétiques et/ou sensibles et je dois dire que ce n'est pas pour me déplaire.
Et puis il y a ces images d'établis/ateliers qui trahissent l'état d'esprit du mécano à l'ouvrage. Certains sont "au carré" et dénotent d'un sens aigu de l'organisation et de l'ergonomie. A l'opposé, celui de Nagasawa au Japon n'est rien d'autre qu'un gigantesque merdier où seul le maître des lieux doit pouvoir espérer travailler. Si vous me posiez en son milieu, je ne suis pas sûr de pouvoir en trouver seul la sortie. Comment des cadres aussi incroyables peuvent-ils émerger d'un tel chaos ?
Je recommande la lecture de ces pages à quiconque voudra mettre en place sont propre atelier, il/elle y trouvera de nombreuses pistes de réflexion pour son organisation.

La dernière partie s'apparente à un manuel de mécanique qui s'adresserait à un public relativement habile de ses mains et plutôt riche en outillage. Certaines manipulations s'avèrent assez difficiles à mener à bien pour un-e néophyte chichement équipé. De plus, malgré les photos, l'enchainement des actions est évoqué de manière assez elliptique. Néanmoins, dites-vous que si je cuisine peu j'aime feuilleter les bouquins de cuisine. Je n'y pige le plus souvent que pouic mais ça me donne l'eau à la bouche. Peut-être que ces quelques pages de mécanique peuvent avoir sur d'autres que moi le même effet enchanteur et enthousiasmant

Comme d'habitude je mets le livre en consultation libre à l'atelier. Par contre, celui-là il va falloir quelques temps avant que je n'accepte de le prêter. Pensez, il a eu le pouvoir, dès mon premier jour de vacances, de me faire précipiter à l'atelier pour y entretenir mon vélo !

Bike Mechanic, Tales from the road and the workshop, G Andrews, R. Dubash, T. Darling, VeloPress, 2014


ps > Mon seul moment d'inquiétude a été à la vue de cette entame de chapitre :
La petite erreur de traduction de "workshop" en "séminaire", avec les connotations universitaires et religieuses que cela induit, m'a donné une petite bouffée d'angoisse. Certes, j'assume une forme de vocation mais sans aller jusqu'à la dévotion.

1 commentaire:

La Billebaudeuse a dit…

Hello,
A mon avis ton total est surestié, ou tout au moins il couvre plus que l'année 2014. En effet, ta selle, tes v-Brake, le topeak et une partie des pneus vont te durer aussi sur les années à venir. Il faudrait donc faire une estimation de la durée d'amortissement poils au dents de ces produits, et requalifier ainsi à la baisse le coût de 2014.