Je reviens du nord de
la Mayenne, où j'ai passé la journée à découvrir un nouveau terrain de jeu. Qui plus est, j'avais rendez-vous avec une
mayennaise, habitante d'importance à qui rien de l'histoire de cette
contrée n'a échappé : quelqu'un du "lait cru" comme ils disent
par là-bas. Je me suis donc levé aux aurores et ai gaspillé une
petite partie de la planète en faisant un bout du trajet en voiture.
Une fois à pied d'oeuvre j'ai bien pédalé, le ciel était radieux mais une bise soufflait plein nord ce qui ne faisait pas mon affaire puisque c'est là que je me dirigeais. Les paysages de bocage ont particulièrement plu à mon âme paysanne. Une campagne sur le pied de guerre, loin de l'image endormie qu'on lui prête trop souvent.
Le relief était
vallonné à souhait, avec d'incessants petits "coups de cul". Nous sommes loin des Alpes où des Pyrénées, mais je pourrai
qualifier cette région de "Mayenne-montagne".
L'expression claque bien, il faudra que j'en parle au syndicat
d'initiative du coin. Avec un slogan pareil il y a moyen de faire
monter la mayennaise. Mais reprenons nos esprits avant qu'il ne soit
trop tard et qu'un mauvais jeu de mot de trop ne passe mes lèvres, parce que comme me disait mon ami coureur cycliste
professionnel Claudio Chiappuccino avec son ineffable accent italien
: "Mayennais sait pas où tu vas chercher toutes ces
conneries".
Voilà, le pire est
derrière vous.
J'avais donc
aujourd'hui un rendez-vous d'importance. L'attente a été longue.
J'attendais avec impatience, je rongeais mon frein, je
voulais arriver pile-poil au bon moment. Non par peur de louper le
rendez-vous, parce "l'autre" attend depuis 1700 ans,
à défaut de m'attendre moi. Je m'étais fixé un tête à tête sur
la commune de Saint-Mars-sur-la-Futaie avec une aubépine parfois
présentée comme le plus vieil arbre de France. Même si on peut
décemment la qualifier de vieille branche, elle semble encore
vigoureuse et le secret espoir de la voir en fleur a été exaucé.
Impossible de la louper, elle est en plein centre du bourg, à côté
de l'église qui la protège du vent du nord. Comme il se doit, j'ai
mis en scène ma fidèle monture et ai immortalisé la rencontre.
Mon côté fleur bleue
m'a totalement submergé ce qui donne ce genre de photos
En terme de nunucherie
pour un blog cycliste je ne vois rien de comparable, si ce n'est un
calendrier de La Poste, celui avec un panier de
chatons-mignons-tout-plein. J'assume totalement.
Plus sérieusement,
l'ironie du sort (sous la forme d'un conseil municipal
maladroit probablement) a voulu que le monument aux morts soit placé à
quelques pas. En jettant un œil à la litanie des disparus, je me
suis aperçu que certains malheureux avaient de beaux noms d'arbres. Cela ne les a pas protégés d'être fauchés en pleine fleur de l'âge par la bêtise belliciste.
Cela relève pour moi
de l'incroyable que cet aubépine ait pu traverser les siècles sans
qu'un péquin bas de plafond ne se mettent en tête de la lui couper.
Parce que de manière générale, une aubépine c'est, pour beaucoup
de gens, jamais qu'un gros buisson de ronces. En nos contrées, la
vie des arbres tient à un fil souvent ténu et pas plus large
qu'une chaîne de tronçonneuse .
Heureusement la
végétation mijote parfois de petites vengeances.
Quant aux rencontres
avec les autres êtres humains, elles ont été marquées d'une
grande variabilité. Dans les bars, elles ont été le plus souvent
chaleureuses avec l'habituel mélange de curiosité et d'amusement.
Et puis j'avais oublié que parfois, à la campagne, quand on demande
un café, le tenancier peut s'éclipser dans l'arrière-salle et
qu'on peut entendre le tic-tic caractéristique de la gazinière
qu'on allume... A défaut d'être bon, ce genre de café à la mérite
d'être partagé avec le patron qui en a sûrement fait son
petit-déjeuner. Quant aux cyclistes croisés, doublés (rares), qui
m'ont doublé (plus courant) en route, ils ont tous fait preuve de
constance, à savoir cons comme des manches, ne daignant
surtout pas répondre à mes bonjours répétés. Que le grand dieu
Uvéa-Uvébé les fasse brûler en enfer eux et leurs joujoux en
plastique. Un seul m'a répondu avec chaleur, l'aluminium serait-il
meilleur conducteur pour la sociabilité ? Pour ce qui est des
automobilistes, j'aimerai que quelqu'un-e m'explique pourquoi là-bas
une voiture sur deux est équipée d'une remorque plus ou moins
imposante et, à ma grande surprise, toujours vide. Je me suis
demandé s'il ne s'agissait pas là d'une sorte d'équivalent à
l'étui pénien arboré par les hommes de certaines tribus. Peut-être
il y a-t-il là un champ de recherche ethnologique qui s'ouvre à nous
?
Pour finir, je voudrais
attirer votre attention sur un habitant de la Mayenne qui va
peut-être mettre à genoux le géant de la vente de particulier à
particulier sur internet. J'ai la joie de vous présenter en
exclusivité la version bêta de "La Bonne Façade".
Tout ça me mène à un
dernier dérapage programmé, à savoir que je trouve les gens de
cette contrées globalement bons et qui si je ne les porte pas
toujours dans mon cœur, qu'ils sachent qu'ils sont souvent présents
dans mon frigo.
2 commentaires:
très beau récit cyclopédique
merci
Je m'étais fait la même réflexion pour les remorques...Au début, après, je m'en suis acheté une. Mais comme je ne suis pas un vrai, je ne la porte pas tout le temps. Mais bon, maintenant, on peut en louer ;-)
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