J'ai terminé mon périple
vélocipédique autour du département le week-end passé. J'ai connu
l'apothéose en Vendée et Deux-Sèvres. Comme qui dirait, je
suis heureux comme Ulysse. J'ai de belles histoires à raconter.
Tandis que lui se la coulait douce à faire de la voile sous le
soleil méditerranéen en grignotant des olives, votre
serviteur a failli perdre des doigts de pieds dans la froideur et
être tenu en otage dans un PMU des Mauges. Surtout, contrairement
à l'oisif en croisière au long cours, le temps me manque et
personne ne semble daigner narrer mes aventures. Je n'ai pas que ça
à faire et mon entourage m'a laissé entendre qu'il serait délicat
de passer à la postérité en se contentant de parcourir 200 km à
vélo en deux jours à travers des contrées connues. Triste déconvenue ! En route, je m'en suis ouvert à un compagnon rencontré dans le PMU évoqué plus-haut. Indigné,
celui-ci s'écria : "Ben, tu sais quoi ? Au moins toi,
contrairement à l'autre Lulu lisse, tu f'ras pas chier pendant des
siècles ! T'inquiètes pas, on va vite t'oublier toi et tes
conneries pédalantes. Tiens, quand tu passeras la porte du bar,
chuis pas loin de penser que je me souviendrai même plus de ta
gueule !" Marquant une pause, il ajouta : "A
moins que tu me payes un petit canon..." Tant de tact et
d'empathie, j'ai failli pleurer. Pardonnez cette digression, il
s'agit pourtant d'aller à l'essentiel. Aidez-moi à ne pas sombrer
dans l'oubli. Je serai votre muse, par pitié rédigez-moi une
Odyssée ! Il y aurait tant à dire je m'en remets à vous et
vous fais confiance pour broder autour de quelques moments forts
que je me permet d'illustrer :
Ainsi, je reviens de contrées où des
mains toutes d'acier pointent une voie sans issue ou des monstres
mécaniques sont patiemment dévorés par une nature qu'ils ont
eux-même tant grignoté.
Même les arbres se nourrissent de
métal en une grotesque digestion.
En quelques tours de pédales,
l'architecture de plusieurs siècle m'est apparue condensée dans sa
réalité la plus obscène. J'ai pu imaginer le pire pour un futur
déjà bien présent.
J'ai vu un chien criant de vérité
mais silencieux parce qu'attaché pour l'éternité à ses murs.
Sur le chemin du retour, j'ai pris
plaisir à arpenter le grand jardin qui entoure Angers. Campagne ou
beaucoup de visiteurs, au moment de quitter les autochtones, croient
être victime d'une insulte homophobe alors qu'on leur souhaite
simplement "à bientôt".
ps : J'ai aussi traversé une
campagne où les bornes Michelin que j'aime tant sont encore légion.
Mais ça, c'est pas bon comme matériau pour forger une légende. Ce
genre de fait est prétexte à de très mauvaises blagues. Je me dois
de mettre en garde ceux/celles qui affirment que c'est "parce
que les Deux-Sèvres sont en retard de cinquante ans" que c'est leur humour qui est en retard de plusieurs milliers de blagues et
qu'ils/elles sont eux-mêmes pas loin d'être obsolètes.
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