mercredi 4 décembre 2013

Point final


J'ai terminé mon périple vélocipédique autour du département le week-end passé. J'ai connu l'apothéose en Vendée et Deux-Sèvres. Comme qui dirait, je suis heureux comme Ulysse. J'ai de belles histoires à raconter. Tandis que lui se la coulait douce à faire de la voile sous le soleil méditerranéen en grignotant des olives, votre serviteur a failli perdre des doigts de pieds dans la froideur et être tenu en otage dans un PMU des Mauges. Surtout, contrairement à l'oisif en croisière au long cours, le temps me manque et personne ne semble daigner narrer mes aventures. Je n'ai pas que ça à faire et mon entourage m'a laissé entendre qu'il serait délicat de passer à la postérité en se contentant de parcourir 200 km à vélo en deux jours à travers des contrées connues. Triste déconvenue ! En route, je m'en suis ouvert à un compagnon rencontré dans le PMU évoqué plus-haut. Indigné, celui-ci s'écria : "Ben, tu sais quoi ? Au moins toi, contrairement à l'autre Lulu lisse, tu f'ras pas chier pendant des siècles ! T'inquiètes pas, on va vite t'oublier toi et tes conneries pédalantes. Tiens, quand tu passeras la porte du bar, chuis pas loin de penser que je me souviendrai même plus de ta gueule !" Marquant une pause, il ajouta : "A moins que tu me payes un petit canon..." Tant de tact et d'empathie, j'ai failli pleurer. Pardonnez cette digression, il s'agit pourtant d'aller à l'essentiel. Aidez-moi à ne pas sombrer dans l'oubli. Je serai votre muse, par pitié rédigez-moi une Odyssée ! Il y aurait tant à dire je m'en remets à vous et vous fais confiance pour broder autour de quelques moments forts que je me permet d'illustrer :

Ainsi, je reviens de contrées où des mains toutes d'acier pointent une voie sans issue ou des monstres mécaniques sont patiemment dévorés par une nature qu'ils ont eux-même tant grignoté.

Même les arbres se nourrissent de métal en une grotesque digestion.

En quelques tours de pédales, l'architecture de plusieurs siècle m'est apparue condensée dans sa réalité la plus obscène. J'ai pu imaginer le pire pour un futur déjà bien présent.

J'ai vu un chien criant de vérité mais silencieux parce qu'attaché pour l'éternité à ses murs.

Sur le chemin du retour, j'ai pris plaisir à arpenter le grand jardin qui entoure Angers. Campagne ou beaucoup de visiteurs, au moment de quitter les autochtones, croient être victime d'une insulte homophobe alors qu'on leur souhaite simplement "à bientôt".

Voilà, si le cœur vous en dit de faire mentir le sort et que ce peu de matière vous semble suffisant, n'hésitez pas à me rédiger quelques centaines de pages là-dessus. Ma postérité vous sera bien reconnaissante. Ah oui, si vous pouviez évitez les alexandrins ça m'arrangerait, je trouve ça lourd et ça me rappelle trop l'école. D'avance merci.Pour conclure, j'insiste aussi sur le fait que j'attends toujours vos cartes postales !


ps : J'ai aussi traversé une campagne où les bornes Michelin que j'aime tant sont encore légion. Mais ça, c'est pas bon comme matériau pour forger une légende. Ce genre de fait est prétexte à de très mauvaises blagues. Je me dois de mettre en garde ceux/celles qui affirment que c'est "parce que les Deux-Sèvres sont en retard de cinquante ans" que c'est leur humour qui est en retard de plusieurs milliers de blagues et qu'ils/elles sont eux-mêmes pas loin d'être obsolètes.

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