Je pourrais même parler de choc des civilisations ! L'anecdote qui suit est déjà vieille de quelques semaines mais toujours aussi savoureuse. Il pleuvait des cordes et j'avais prêté un coin d'atelier pour un cycliste qui avait un petit réglage à faire sur son vélo couché. Il était tout absorbé par son ouvrage. Un autre client entre. Au bout de quelques minutes, nous discutons à bâtons rompus sur des questions de positionnement sur le vélo. Je crois qu'on en était à l'évocation de possibles aménagements afin de diminuer les douleurs aux lombaires. Notre cycliste-couché saisit des bribes de notre conversation et, entre deux coups de clé, se risque à glisser :
-Avec un vélo couché tu n'aurais pas ce problème !
Il ne disposait pas de tous les éléments et la réponse le prit quelque peu au dépourvu :
-T'as déjà sauté une planche de 20 centimètres de haut, dans la boue, avec un vélo-couché sur l'épaule ? Tu sais on parle de cyclo-cross...
-Ah pardon (léger rosissement des pommettes) ...
N'empêche qu'il était trop tard, comme dans un rêve éveillé les pire horreurs défilent sous mes yeux. Un facteur tout chargé lève les bras en signe de victoire au sommet d'une étape de montagne du Tour. Un randonneur équipé d'une remorque m'apparaît sur une rampe, prêt à s'élancer pour réaliser un backflip. Un cycliste en bmx remporte haut la main une épreuve de keirin. Le mal est fait, le traumatisme profond. Je somatise. Désormais la simple évocation d'un cyclo-cross en vélo couché déclenche instantanément une luxation de mon épaule droite.
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