Il y a quelques temps, une personne me demande s'il m'est possible de regonfler les pneus de son vélo. Tout serviable (et servile) que je suis, je m'exécute et m'empare
-Je croyais que vous utilisiez un truc moins archaïque...
J'avoue avoir été légèrement froissé. Je me suis défendu en arguant qu'elle fonctionnait parfaitement et répondait à toutes mes attentes. Je n'ai pas poussé la conversation plus loin, après tout la personne en question était déjà passée à autre chose et ne cherchait pas à me piquer au vif.
Pourtant, quand je fais le tour de la question, cette pompe "archaïque" ne m'a coûté qu'une soixantaine d'euros, il y a environ 8 ans déjà. Depuis près de 5 ans, elle me sert plusieurs fois pas jour. Elle ne me coûte en maintenance qu'une goutte d'huile de temps en temps et le changement de quelques joints étanches. Par deux fois, je cru la voir rendre l'âme, par deux fois quelques-uns de mes neurones connectés à mes doigts boudinés ont réussi à la réparer. Elle ne consomme pas d'électricité et ne fait pas de bruit. Elle est facilement transportable. Faite d'acier et même de bois pour sa poignée, elle est recyclable.
Un outil qui remplit aussi bien sa fonction peut-il vraiment être qualifié d'archaïque ? L'archaïsme de notre société ne réside-t-il pas plutôt dans la croyance que le progrès ne peut-être que porté par une technique jamais questionnée, une technique qu'il nous est parfois impossible de s'approprier ? Les outils doivent nous faciliter la tâche, pas nous aliéner. C'est pour le moment le cas avec cette simple pompe et je reconsidérerai l'achat d'un compresseur en fonction de mes éventuels futurs besoin mais pour le moment, je n'en vois ni la nécessité ni l'intérêt.
ps : Pour être parfaitement de bonne foi, j'ai parfois besoin d'aller taxer un coup de compresseur pour mettre en pression les pneus dits tubeless. Cela pose donc la question de la mutualisation des moyens que nous aborderons dans une prochaine conférence de notre cycle de philosophie d'atelier.
ps 2 : Beaucoup de blabla pour pas grand-chose, j'en ai bien conscience.
Crédit : Franz Xaver Messerschmidt (1736-1783), L'homme vexé (réplique).
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