vendredi 11 octobre 2013

Une courte existence mondaine



En milieu grand bourgeois, le sport est le plus souvent mondain, c'est-à-dire collectif et partagé avec d'autres membres du groupe, dans une convivialité qui renforce de manière efficace les liens sociaux.

Le sport est une activité fortement liée à la noblesse. "C'est toute une éducation aristocratique, aux origines fort anciennes, qui a donné au jeune noble les aptitudes intellectuelles et les facultés physiques pour remplir sa tâche de gouvernant. Le noble est depuis les modèles grecs de la nobilitas romaine un "sportif", au gymnase comme en salle d'escrime, au manège comme à la chasse. Dans toutes ces activités, il risque des blessures plus ou moins graves, mais prend l'habitude de braver le danger [Werner, 1998, p. 509]

[...]

Parallèlement, la montée de la société bourgeoise a conduit progressivement à une "culture synthétique de l'honneur masculin" qui est "née de l'amalgame d'une nouvelle aristocratie de notables qui mêlait des éléments d'honneur noble et bourgeois et qui s'est épanouie plus tard au XIXème siècle" [Nye, 1994, p. 46-47]. Cette pacification de la pratique sportive a correspondu à l'apparition de disciplines moins risquées, comme le vélo à ses débuts et le tennis encore aujourd'hui, où un exercice physique contrôlé était aussi l'occasion de rencontres mondaines.

Premiers intéressés, souvent novateurs en la matière, les nobles étaient, durant le XIXème siècle et plus encore dans le cours du XXème, les compagnons d'une bourgeoisie triomphante. Monique de Saint Martin note que, si le vélo n'eut qu'une courte existence mondaine, il fut tout de même à ses débuts investi par la haute société. Le club de l'Omnium "est fondé à Paris en 1890 à l'initiative du prince de Sagan et présidé par le duc d'Uzès". Toutefois, le développement même de la pratique en éloigne cette élite sociale aussi vite que le nouveau sport se professionnalise. Il en va autrement avec le tennis dont la diffusion fut beaucoup plus lente et dont les formes de pratique surent résister à l'érosion sociale d'une certaine démocratisation.

Sociologie de la bourgeoisie, Michel Pinçon, Monique Pinçon-Charlot, La Découverte.

1 commentaire:

ÈRÈLLE a dit…

Connaissent rien à la noblesse ces sociologues.
Je passerai demain je l'espère faire mes mondanités.