samedi 21 septembre 2013

Larme à l'oeil


-9h40 : J'arrive à l'atelier, j'ai le sentiment diffus que cette journée sera difficile.
-10h30 : Je m'affaire sur un BMX. Il s'agit de travail quasi gratuit. On va dire que c'est ma fibre sociale qui parle. Un enfant sans son vélo, c'est trop de tristesse. Le hic c'est que tout part en couille. La roue que j'avais commandée ne va pas (problème de diamètre d'axe), me voilà parti à modifier les pattes du cadre. Ce qui devait prendre 30 minutes m'aura pris une heure et demi avec des sueurs froides.
-12h00 : J'ai envie de pleurer.
-12h03 : Je récupère un vélo de piste dont le filetage de la boite de pédalier a foiré. J'avais tout fait dans les règles de l'art, si je ne me sens pas coupable, je me sens responsable.
-12h54 : J'ai envie de pleurer.
-13h00 : Je mets le nez dans la roue arrière d'un vélo de voyage que j'entretiens très régulièrement. C'est un chaos sans nom là-dedans, les roulements sont plus défoncés que les pires junkies. Je fais de mon mieux, je m'offre même le luxe de voler des pièces sur un moyeu neuf de bonne qualité que j'ai en stock. A la fin, ça foire quand même.
-14h09 : J'ai envie de pleurer.
-15h00 : Des amis m'arrachent à mon travail pour me faire prendre l'air.
-15h07 : J'y retourne, ça va chier !
-15h09 : C'est toujours la merde, j'ai envie de pleurer.
-17h00 : Je monte l'extracteur de manivelle sur un pédalier. Je vois que le filetage est amoché, ça pue. Je prends mon temps, j'agis avec prudence. Au premier essai, le filetage s'arrache aussi facilement que si j'avais planté un radis dans du beurre, situation que j'aurai mieux vécue.
-17h11 : J'ai envie de pleurer.
-17h13 : Je sors l'artillerie lourde, je filete le pédalier pour un extracteur de secours au diamètre surdimensionné. Pas de souci côté mécanique, mais j'arrive à me fourrer un copeau de métal dans le doigt.
-17h13 et quelques : J'ai envie de pleurer.
-19h00 : Ouf ! La journée est finie, je fais ma compta et je m'arrache.
-19h15 : Ma compta me donne envie de pleurer.
-21h50 : Je vous raconte mes tracas pour mieux les exorciser. J'ai un peu moins envie de pleurer.

Voilà, c'était la pire journée à l'atelier depuis à l'aise deux ans. Le parfait mélange de malchance et de circonstances malheureuses. Un peu d'humilité ne fais pas de mal.

Crédit photo : Diane Arbus, Enfant en pleurs, 1967.

1 commentaire:

Rita a dit…

C'est sur que sur cette journée je n'échangerait pas mon travail contre le tien... et pour les autres jours, c'est pas loin d'être pareil ^^