lundi 10 juin 2013

Petit éloge du Tour de France


Hier, je n'ai pas réussi à me réveiller pour pédaler lors de la sortie cycliste dominicale. J'ai eu un petit pincement au coeur toute la journée avec la vague impression d'avoir à la fois trahi des amitiés et d'avoir failli à ma contribution hebdomadaire au culte de la petite reine.

Pour tenter de réparer ce crime de lèse-majesté, je me suis aujourd'hui attelé à la lecture du dernier ouvrage d'Eric Fottorino : Petit éloge du Tour de France. A défaut d'y mettre mon corps, j'allais vouer mon âme du vélo. Maigre réparation, j'en ai bien conscience.

Je garde un excellent souvenir de son Petit éloge de la bicyclette, j'étais donc plein  d'entrain. Je peux le dire d'entrée de jeu, je n'ai pas été déçu et une paire d'heures auront suffit pour venir à bout de ce petit volume de 120 pages.

Je perçois Fottorino comme un incorrigible nostalgique. Pour lui, les grandes heures du cyclisme sont derrière nous et surtout, elles se sont déroulées lors de son enfance et son adolescence. A la fois me direz-vous, chez quel nostalgique ce mal ne va pas se nicher dans ces périodes, en général, heureuses de la vie ?  En tous cas, on sent un certain plaisir de l'auteur à se laisser aller à la mélancolie du "c'était mieux avant". En littérature, comme dans la vraie vie, ce genre de penchant peut parfois m'être pénible, surtout qu'il est fréquemment assorti d'idées conservatrices et réactionnaires. Ce n'est pas le cas ici et, très rapidement, je me suis surpris à remplacer les noms des coureurs de son enfance par les héros de la mienne. Quand Fottorino parle des casquettes Michelin distribuées par la caravane du Tour, je ne peux m'empêcher de me revoir dégustant, sur le bord d'une route de campagne mon premier Milky Way, conquis de haute lutte lors d'une étape de plaine menée à un train d'enfer. Il s'avère que même si le Tour a indéniablement bien changé, nos projections de spectateurs sont indéfectiblement restées les mêmes. Enfant, Fottorino endossait à chaque sortie le maillot Bic d'Ocaña, moi, quelques années plus tard, je me prenais pour Laurent Fignon mais la vraie idole reste toujours le Tour. Le tout fourmille d'anecdotes pas forcément inédites mais qu'on prend plaisir à redécouvrir sous sa plume, l'air de rien le bonhomme visite un paquet de mythe du cyclisme.

Le style est fluide, les bons mots sont légions, il y a une certaine proximité intellectuelle avec l'approche du vélo de Paul Fournel. On sent le même rapport charnel au vélo et pour cause, Fottorino se prépare cette année à parcourir le même parcours que les pros, pas juste une étape, toutes les étapes. Il faut un amour de la bicyclette sérieusement teinté de masochisme pour se lancer dans un tel projet. Mais c'est peut-être ce mélange qui caractérise tous les cyclistes.

En somme, un bouquin à lire vite fait dans le train avec le vélo qui se balance doucement dans le compartiment...


Petit éloge du Tour de France, Eric Fottorino, Folio, 2013, 2 euros.

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