mardi 7 mai 2013

Réaction en chaîne

J'aime les vieux vélos de course. Ma prédilection va vers les machines des années 70. De cette période, j'ai un Bertin que j'ai converti en monovitesse pour mes déplacements urbains et hivernaux. Ce vélo, cadeau d'un ami, n'est pas à la fête. On peut même dire que je ne l'entretiens presque pas. A tel point qu'il était dernièrement en piteux état : chaîne flinguée, jeu dans le moyeu arrière, etc. Depuis ce week-end, je profite de mon temps libre et m'emploie à lui refaire une petite santé avant de le remiser jusqu'à l'hiver prochain. Entre autres choses, il y avait l'aspect de la tige de selle qui me chagrinait :
En plus d'être trop courte, elle était vraiment très abîmée. La date de péremption était dépassée depuis fort longtemps. Le problème de l'aluminium c'est qu'il ne prévient pas quand la fatigue se fait sentir et qu'il a une fâcheuse tendance à péter net. Pour avoir assisté à la surprise que procure la casse d'une vieille tige de selle, je peux vous affirmer que ça me rend sourcilleux sur la question. Je n'ai pas envie de tirer le diable par la queue. Il est temps de changer pour du neuf.

Le hic, c'est que je suis un adepte de ce qui brille et que pour un vélo d'usage quotidien je n'ai pas envie de me ruiner dans une tige de selle polie (oui, il ne faut pas croire que les mécanicien-ne-s-vélos se servent à tout va en pièces luxueuses). Une tige de selle basique fera l'affaire. Mais, le plus souvent, celles-ci sont anodisées et, esthétiquement, je ne suis pas fan de ce traitement de surface. L'alu bien brillant est certes plus difficile à entretenir mais plus classe. Ce qui suit est donc un petit tutoriel pour vous montrer comment on désanodise une pièce en aluminium. Au début, on part donc de ça :

Pour arriver à mes fins, je vais employer du produit pour déboucher les chiottes, le plus connu des produits commence par "Des" et finit en "top". J'ai utilisé une autre marque, l'idée c'est que ce soit à base de soude caustique. Je rappelle que la soude est une belle saloperie alors il faut la manipuler avec des gants, des lunettes et un masque, voire en plein air. Sans ça, vous risquez de finir avec une gueule de momie et vous ne viendrez pas vous plaindre à moi. D'ailleurs, je vous invite à lire la page wikipedia sur la soude caustique, comme ça vous travaillerez en connaissance de cause et votre niveau de chimie en sortira grandi. Aussi, (surtout ?), ce type de produit est extrêmement polluant. Autant que possible, il s'agit de minimiser les dégâts. Il m'aura fallu tout au plus 5 cl. de produit pour mener l'opération à bien. L'idée c'est d'y aller avec parcimonie. Ok ?

En tous cas, la méthode est très simple. J'humidifie la tige de selle avec une éponge. Ensuite, il suffit de badigeonner sa surface avec un pinceau. On laisse agir quelques minutes et ça resssemble vite à ça :

Il y a comme une émulsion qui se forme. L'idée c'est de ne pas laisser trop traîner la réaction, histoire que la tige de selle ne soit pas complètement attaquée. Quelques minutes suffisent amplement. Pour accélérer le processus, on peut frotter avec le côté vert d'une éponge. Quand ça semble bon, il suffit de rincer et de se dire que pour s'excuser d'être un gros saligaud envers la planète on ne prendra pas l'avion cette année ou qu'on va tester le végétarisme ou un truc du genre. A vous de voir comment vous arranger avec votre conscience.

A ce point, l'anodisation de la tige de selle a disparu, l'alu est brut, c'est à dire gris terne et pas choucard du tout. C'est le moment de piquer à mamie son produit qui lui sert à faire briller son beau confiturier en cuivre. Je ne cite pas le nom, si vous n'êtes pas complètement crétin-e-s, quelque-chose me dit que vous allez trouver :

Il s'agit de mettre le paquet et de frotter comme un-e damné-e. La tige de selle devient toute noire et ça sent la merde de poule (présence de soufre ?). En frottant avec un chiffon propre, la magie opère : ça brille ! On en profite pour faire disparaître la marque de la tige de selle en frottant avec de la paille de fer jusqu'à ce qu'il ne reste qu'un filigrane à peine visible. Comparé à une autre tige de selle anodisée le résultat est époustouflant !

Voilà, je peux à nouveau poser mon altier postérieur sur mon vélo sans crainte de bris. Je n'ose même plus toucher cette magnifique tige de selle de peur de ternir son éclat.

4 commentaires:

Rita a dit…

Bravo c'est comme ça qu'on profite de ses vacances en bronzant dans son atelier ??^^

La Tête dans le Guidon a dit…

30 mn par jour, pas plus !

ÈRÈLLE a dit…

Tu lui a aussi piqué un drap à Mamie ?

La Tête dans le Guidon a dit…

:-)