dimanche 14 avril 2013

Si le pneu à la Saint Médard...


Il est parfois difficile de choisir un pneu de route adéquat. Les marques s'entredéchirent dans une profusion de modèles tous plus merveilleux les uns que les autres. En fonction de sa pratique, un paquet de critères techniques entrent en ligne de compte : largeur, tressage du pneu, tendresse de la gomme, gomme dure au centre et plus tendre sur les flancs, etc. Je ne vais pas me lancer dans une étude exhaustive. Au contraire, je viens aujourd'hui vers vous avec le secret espoir de décongestionner un peu les tuyaux de votre cerveau  fort encombré d'un tas de choses inutiles : date de naissance d'une lointaine tante, numéro de carte de crédit de votre ex, liste chronologique des vainqueurs de Milan-San Remo, etc.

Je viens vous débarrasser de l'idée qu'il vous faut prêter une réelle attention aux sculptures d'un pneu de route. J'insiste sur le mot "route". Il est évident que pour un pneu de cyclo-cross ou de vétété il s'agit d'un paramètre de première importance. Par contre, pour un pneu de route, on peut dire que le dessin du pneu est d'une importance comparable à celle du Lichtenstein dans l'éventuelle résolution du conflit qui oppose les deux Corées.

De nombreux/ses cyclistes y portent pourtant une certaine attention, avec à l'esprit l'évacuation de l'eau par temps de pluie. Une nouvelle fois, notre cerveau opère une analogie malheureuse avec l'automobile et le phénomène d'aquaplaning. Mais, ça ne colle pas. Un cycliste et sa machine ne pèsent pas une tonne et ne roulent pas à 110 km/h. La science du dopage progresse certes à pas de géant mais nous n'en sommes pas encore là. Un pneu de vélo de route a, tout au plus, la largeur de la dernière phalange du pouce comme surface de contact avec la route. Et je suis généreux... C'est tellement peu que les conditions nécessaires à l'aquaplaning sont tout simplement inexistantes.

Désolé d'enfoncer une porte ouverte mais ce qui conditionne en premier lieu l'adhérence d'un pneu sous la pluie c'est évidemment la nature de la gomme.

De l'aveu même de l'ingénieur d'un manufacturier que je ne nommerai pas mais dont le centre historique se situe à Clermont-Ferrand et qui a pour logo un petit bonhomme fait de pneus, venu nous dispenser un cours lors de ma formation de mécanicien, le dessin du pneumatique de route remplit avant tout une fonction psychologique. Il est là pour rassurer l'acheteur. Comme Saint Thomas, le cycliste ne croit que ce qu'il voit. Vous pourrez lui parlez des heures des propriétés mécaniques de la gomme, c'est la sensation de son pouce sur les sculptures et leur aspect rassurant qui vont être décisifs.

Cette logique est poussée à tel point que les manufacturiers apposent des flèches indiquant le sens "normal" de rotation des pneus. Tout simplement pour que le client ne se pose pas de question et qu'il soit confirmé dans l'importance de ces satanés sculptures. Et puis accessoirement parce que si ce sens n'est pas indiqué, il y a des fortes chances que certains repassent au magasin pour élucider ce faux problème... Voilà une absurdité digne des Monthy Python.

Qui a dit que les fabricants de pneumatiques étaient vicieux ? C'est d'autant plus vrai que j'ai beau savoir que tout cela n'est que foutaises, en bonne poire que je suis, je continue sagement à respecter le sens de montage.


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