mercredi 13 mars 2013

Pause pipi



Elles sont nombreuses les règles tacites qui s'appliquent au sein des pelotons professionnels. L'une d'elle stipule qu'il est interdit d'attaquer pendant la pause pipi. Le coureur qui se respecte ne brisera pas cette règle, à plus forte raison, s'il s'agit de la pause d'un des leaders. Profiter d'un tel moment de faiblesse relève de la lâcheté et, en général, le peloton n'est pas prêt d'oublier une vilainie de ce genre. Par exemple, sur le Tour 89, Joël Pelier fait semblant de sortir du paquet pour aller uriner. Mais, voilà que le mariole "oublie" de couper son effort et en profite pour s'échapper vers la victoire d'étape. Celui-là en du en entendre des vertes et des pas mûres le lendemain.

Parfois, c'est le public qui n'est pas prêt d'oublier une pause pipi. Ainsi, sur la 19ème étape du Tour 1931, le coureur australien Hubert Opperman ne peut plus repousser sa libération... La course se déroule dans un quasi-blizzard et notre empressé va exposer son intimité à quelques spectatrices postées sur le bord de la route. Il se justifiera comme suit : Je ne pense avoir choqué les dames. Il était recouvert de neige glacée et tout recroquevillé, donc invisible à l'oeil nu. La morale était donc sauve. Mais, avec cette anecdote je digresse.

Je voulais aujourd'hui rappeler l'histoire qui a value un second surnom à Charly Gaul. Le luxembourgeois est passé à la postérité sous le surnom d'Ange de la montagne. Il est vrai qu'à ses débuts, son visage poupin et sa pédalée légère lui donnait une impression de facilité rarement observée. Pourtant, Charly n'aimait pas trop ce surnom, il aurait préféré quelque-chose de plus guerrier à ce qu'il paraît, quelque-chose qui collerait mieux à son caractère bouillonant.

D'ailleurs, lors du Giro d'Italia 1957, Charly s'est trouvé un ennemi à sa mesure vers lequel diriger sa rage. En l'occurrence, il s'agit du vainqueur de l'édition précédente : Louison Bobet.

Lors d'une étape, Charly Gaul stoppe pour se soulager. D'une petite tape sur les fesses, Raphaël Geminiani joue au pousse-au-crime et invite son leader à continuer son effort. Mal leur en pris, car au prix d'un grand effort, Charly Gaul comblera son retard et en plus gagnera l'étape. Il sera particulièrement véhément à l'égard de Bobet et lui rappellera : Je me vengerai. Avant d'être cycliste, j'étais garçon-boucher aux abattoirs. Plutôt brutal pour un ange. Toujours est-il que cet épisode lui vaudra un nouveau surnom qu'il n'a sans doute guère plus apprécié que l'officiel : Cheri-Pipi !

Avec le temps, ce genre de mauvais coup a rendu méfiant le peloton, aussi aujourd'hui, ils sont nombreux à savoir uriner sans descendre de vélo. Cela réclame de nombreuses qualités techniques (en premier lieu une fine connaissance des vents) et physiologiques. Vous pouvez toujours essayer, j'en ris déjà.

1 commentaire:

Les Nuits Bleues a dit…

Jalabert s'en souvient aussi! http://www.leparisien.fr/sports/les-dangers-de-l-arret-pipi-13-07-2002-2003243650.php

Il avait piqué une colère le con! Heureusement que la grande faucheuse ne nous l'a pas emporté sur une petite route montalbanaise!

G., libraire