mercredi 20 juillet 2011

La roue tourne


Si on veut trancher dans le vif, un bon vélo c'est : un bon cadre et de bonnes roues. Le reste est presque « accessoire » dans le comportement général d'un vélo. Voilà, une intro rapide et directe !

Aujourd'hui, monter ou faire monter des roues semble saugrenu pour la majorité des cyclistes. Il est vrai que les roues montées à la machine sont en général de bonne facture et relativement économiques. Pourtant, à y regarder de plus près, les roues montées à la main ont encore de beaux jours devant elles. Se faire monter une paire de roues, c'est beaucoup de discussion, c'est prendre son temps et réfléchir à un paquet de questions. A quelle pratique sont destinées ces roues ? Quel genre de cycliste : lourd, léger, puissant, véloce, petit, etc. ? Sur quel vélo vont-elles être montées : freins à disques, à patins, monovitesse ? Sur quel aspect mettre l'accent : le poids, la durabilité, etc. ? Où et par qui sont fabriquées les diverses pièces ? Quelles envies esthétiques ? Toutes ces questions sont fortement imbriqués. Le va et vient entre le cycliste et le mécano est crucial pour qu'on puisse s'accorder sur un montage et faire la choix des jantes (26 '', 650 B, 650 C, 700, 29 ''/double paroi, oeillets), des moyeux, du type de rayons (pleine jauge, rétreints, etc.) et d'écrous (alu, laiton, «DT  Prolock », etc.) et bien sûr sur le montage en lui-même (rayonnage radial, croisé à 1, 2, 3 ou 4, montage exotique type « crow-foot »/ nombre de rayons). Comme vous le voyez, les possibilités sont immenses. Et c'est pour ça que le montage à la main est destiné à perdurer. Lui seul offre la possibilité d'être en adéquation avec les désirs et besoins du cycliste. Si, comme chez n'importe quel être humain, ces deux derniers paramètres arrivent justement à s'accorder. Mais là, le mécano est impuissant...

La différence se joue aussi au montage évidemment. Personnellement, je met de côté les considérations de temps, seul le résultat compte. J'essaie de faire ça au calme et je ne fais que cela. Une bonne roue, ce n'est pas juste une roue sans voile et sans saut. La tension est primordiale et, contrairement aux idées reçues une tension élevée (je vous fais grâce des chiffres) est gage de longévité. Cette tension-cible se doit d'être répartie le plus uniformément possible entre les rayons sous peine d'engendrer des faiblesses structurelles. On récapitule? Une bonne roue, c'est une tension importante des rayons répartie uniformément pour un résultat sans saut, ni voile et très solide. Réussir un roue, c'est faire d'un ensemble disparate de pièces une seule pièce

Ne négligeons pas le fait qu'avoir un interlocuteur évite en cas de problèmer la confrontation aux affres d'un service après-vente impersonnel et rarement plus concerné que ça. En cas de souci, on sait à qui s'adresser, tout comme en cas de grande satisfaction ont sait qui adresser à un pote qui veut des roues...

J'ai conscience qu'il y a quelques termes techniques qui mériteraient un peu plus d'explications. Mais, j'ai préféré être concis. Avec un peu de volonté, quelques recherches internet lèveront le voile sur ces termes non-explicites. Si je les ai laissés, c'est pour permettre d'entrevoir l'extrême diversité des pièces qui peuvent être utilisées pour monter des roues. Considérez cela comme une invitation à creuser vous-même. D'ailleurs, je dispose de quelques bouquins sur le sujet que je prête volontiers.

A l'atelier :
Montage d'une roue : 30 € + le prix des pièces.Au niveau des jantes, je peux avoir les produits Mach1 (peu onéreux, solide, fabriquées en France), DT Swiss (haut de gamme, bien fini, très technique, fabriquée en Suisse), Ambrosio (une partie du catalogue) et puis j'ai encore en stock quelques jantes Campagnolo, Rigida, Ritchey. Pour ce qui est des rayons, je suis très attaché aux rayons DT Swiss. Enfin, pour les moyeux, le marché est tellement immense...

6 commentaires:

w. a dit…

C'est donc ça que tu fais au lieu de monter ma roue !!!!

Patrice a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
Patrice a dit…

Je confirme : une chouette discussion, un mec super sympa, un tarif de montage presque ridicule, un travail nickel et des heures de régal sur le terrain !

On n'est pas bien là, paisible, à la fraîche et on roulera quand on aura envie de rouler.

Merci.

Climiange a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
Patrick a dit…

30 euros le montage d'une roue, ça me laisse rêveur quand on sait le temps qu'il aura fallu au monteur pour maîtriser ce savoir-faire. Je ne suis pas sûr que l'artisan soit justement payé de nos jours. C'est à comparer avec le coût d'une randonneuse "Alex Singer" 6000 euros environs ou même d'un "nightstream" de Vandeyk 16500 euros...

La Tête dans le Guidon a dit…

Je suis bien d'accord, mais il y a le principe de réalité. Pour beaucoup, la référence en matière de coup de la main d'oeuvre c'est l'ouvrier chinois et pas Mr Singer.